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Glyphosaté, dès le petit déjeuner

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Comme nous, vous avez probablement été scandalisés en apprenant que Santé Canada, via des consultations, souhaitait augmenter la présence de résidus de glyphosate dans nos assiettes et cela à la demande de Bayer, son principal fabricant ! Une décision allant complètement à contre-courant de la volonté des agriculteur.rice.s et des citoyen.ne.s de diminuer l’utilisation des pesticides.

Avec une coalition de chercheurs et d’ONG, nous avions déjà dénoncé cela et demandé une réforme urgente de Santé Canada dans une lettre ouverte, le 10 juin dernier. Il est primordial pour notre santé collective que Santé Canada écoute les voies des scientifiques indépendants et non celles des lobbys de l’agrochimie. En tant que citoyen.ne.s, c’est aussi notre démocratie qui est en danger, quand les enjeux des entreprises prennent le pas sur les enjeux de santé publique et de protection de l’environnement.


Nous vous proposons de participer, dès maintenant, à ces consultations en cliquant ci-dessous (ou ici si cela ne fonctionne pas).

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C’est quoi le glyphosate ? 


Le glyphosate est la molécule dite « active » des herbicides à base de glyphosate (HBG) comme le Roundup ; ce sont les pesticides les plus vendus au monde. Les HBG sont majoritairement utilisés sur les cultures génétiquement modifiés (GM) — rappelons que 100 % des plantes génétiquement modifiées sur le marché canadien ont été introduites pour tolérer un ou plusieurs herbicides. L’utilisation des HBG est donc en forte augmentation au Québec depuis 20 ans avec l’avènement des cultures GM. En 2019, ces derniers représentent 54 % de tous les pesticides vendus en agriculture au Québec. 


Les herbicides à base de glyphosate sont aussi utilisés juste avant la récolte sur de nombreuses cultures non-OGM comme le blé, les haricots, les lentilles, l’avoine et l’orge pour « faciliter » leurs récoltes en permettant un « séchage » plus uniforme. De telles pratiques inquiètent la communauté scientifique puisqu’elles entraînent une présence accrue de résidus de pesticides à base de glyphosate sur de nombreux aliments. C’est cet usage intensif qui est à l’origine de la demande de Bayer à Santé Canada pour augmenter les limites de résidus. 

 

Une proposition scandaleuse de Santé Canada

 

Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le glyphosate en tant que substance « probablement cancérigène pour les humains ». Le CIRC s’est appuyé sur 118 tests de génotoxicité et a accordé une grande importance aux études réalisées auprès de populations humaines exposées. Contrairement à Santé Canada, l’évaluation du CIRC s’appuyait sur des études indépendantes, révisées par des pairs desquelles 70 % étaient positives et a donc conclu que l’exposition au glyphosate est génotoxique. 

Dans la proposition actuelle de Santé Canada d’augmenter les limites maximales de résidus de glyphosate, le ministère conclut que ces résidus « ne poseront pas de risques inacceptables pour aucune sous-population, y compris les nourrissons, les enfants, les adultes et les aînés. » Pour appuyer cette conclusion, Santé Canada ne donne cependant aucune donnée, aucune analyse, ni aucun modèle pour se justifier : INCROYABLE !

 

Nous vous proposons dès maintenant de participer à ces consultations et dénoncer cette situation en cliquant ci-dessous (ou ici si cela ne fonctionne pas).

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Évaluation des pesticides 


Depuis de nombreuses années, scientifiques et ONG critiquent l’évaluation des pesticides faite par Santé Canada, qui ébranle la confiance des citoyen.ne.s envers nos institutions réglementaires censées nous protéger. La mission première de Santé Canada doit rester de « prévenir et réduire les risques pour la santé individuelle et pour l’ensemble de l’environnement » et non pas une vocation économique qui servent les intérêts de compagnies privées.


Parmi les plus grandes critiques du système d’évaluation des pesticides actuel, citons :

- que l’évaluation des pesticides est basée principalement sur les données fournies par l’industrie agrochimique, qui sont gardées secrètes, non-publiées — ce qui va à l’encontre des principes fondamentaux de la science et qui représente une situation de conflits d’intérêts flagrants. Dans le cas du glyphosate, Santé Canada a réévalué en 2017 sa toxicologie en s’appuyant sur 125 références dont 118 sont issues de l’industrie (et qui n’ont donc pas été publiées) et 7 sont non identifiables.

- que l’évaluation des pesticides est faite uniquement sur la matière dite « active » et non pas sur la formulation commerciale qui est réellement appliquée et qui se retrouve dans nos assiettes ! Les formulations commerciales contiennent plusieurs co-formulants qui peuvent, eux aussi, avoir un impact sur la santé et l’environnement. Dans le cas du Roundup, certains co-formulants sont jusqu’à 1000 fois plus toxique que le glyphosate.

De plus, le manque de moyens de Santé Canada suite au sous-financement successif des conservateurs et des libéraux freine sa capacité à suivre l’évaluation de la science indépendante grandissante quant aux impacts des pesticides sur la santé humaine. Dans le cas des pesticides à base de glyphosate, la littérature scientifique indique que deux types d’effets potentiels pourraient être associés à leurs expositions, soit les perturbations endocriniennes et du microbiote intestinal. 

Pour nous, ainsi que pour de nombreux chercheur.euse.s et ONG, il est important de réformer rapidement Santé Canada. À l’aube d’élection fédérale, il est primordial que vos députés entendent vos préoccupations.
Je trouve les contacts de mes députés

 

Lobby : fédéral et provincial, même combat


Ces consultations scandaleuses sont un des nombreux exemples qui montrent l’influence trop grande des lobbys sur nos gouvernements. Malheureusement, le palier provincial n’est pas exempt de ce lobbyisme intense, comme l’a démontré « l’affaire Louis Robert ». L’agronome s’était en effet vu attribuer le titre de lanceur d’alerte en dénonçant la pression des lobbyistes sur les chercheurs du CÉROM (Centre de recherche sur les grains).

Deux ans après ces révélations fracassantes, Louis Robert a sorti un livre : Pour le bien de la terre, où il écrit : « Les entreprises qui proposent des produits fertilisants et des pesticides [ont] la mainmise sur une partie de notre agriculture ». Il y propose de séparer la prescription agronomique de la vente des pesticides. C’est une proposition aussi formulée par Vigilance OGM et qui semble avoir fait consensus lors de la commission parlementaire sur l’usage des pesticides en 2019.

En 2021, il serait choquant de voir votre médecin vous prescrire des médicaments puis vous les vendre : il est urgent de régler ce problème dans le domaine agricole pour diminuer notre utilisation des pesticides. Le ministre de l’Agriculture a promis de régler ce problème et a mandaté l’Office des professions pour qu’il formule des recommandations afin de réformer la Loi sur les agronomes, d’ici octobre 2021.

Pour faire contrepoids à ces lobbys, à tous les  paliers gouvernementaux (fédéral, provincial et municipal), Vigilance OGM a regroupé des recommandations émises par des experts indépendants, notamment durant la commission sur les pesticides, dans un manifeste à signer, intitulé #sortirduglyphosate.


En parlant des lobbys de l’agrochimie Louis Robert disait : « ILS NE SONT PUISSANTS QUE PARCE QUE NOUS NOUS SOMMES MIS À GENOUX » , alors levons-nous !