Maïs

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Maïs

1. Le maïs c’est quoi ?

 

Le maïs est une plante herbacée tropicale annuelle, largement cultivé comme céréale pour ses grains riches en amidon, mais aussi comme plante fourragère. Le terme maïs désigne aussi le grain lui-même. Originaire du Mexique, le maïs constituait l'aliment de base des Amérindiens avant l'arrivée en Amérique de Christophe Colomb. Compte tenu de sa place centrale dans la culture des anciennes civilisations d’Amérique centrale et méridionale, il existe même un dieu du maïs Centeotl dont le nom signifie littéralement «dieu du maïs». En Amérique du Nord et en Amérique Centrale, le maïs était cultivé avec la courge et le haricot en utilisant la technique dite «des trois sœurs».

De dieu à symbole de l’agriculture intensive


Le maïs est aujourd’hui cultivé mondialement et est devenu la première céréale mondiale devant le riz et le blé. Il est toujours à la base de l’alimentation en Amérique Centrale et en Amérique du Sud (farine, tortilla…). Le maïs est devenu le symbole de l’agriculture intensive aux États-Unis et en Europe de l'Ouest. Il est cultivé dans près de 150 pays sur les cinq continents. En mode industrielle, sa culture nécessite l’achat de semences, de pesticides et de fertilisants auprès des compagnies de biotechnologies. Le maïs est aussi une plante exigeante en soins et en travail, sa culture demande du matériel et donc des investissements importants, et la mise en place de système d’irrigation (en zone non tropicale).

 

maïs sucré GM

Maïs-grain et maïs sucré


Le maïs est utilisé principalement pour l’alimentation animale, pour la production de biocarburant et dans les produits transformés (amidon, sirop, fructose…). Pour ce type de débouchés, on utilise principalement du maïs appelé grain et les semences GM dominent maintenant le marché.
Quand au maïs utilisé lors de la fameuse épluchette de blé d’Inde, en grains les  salades ou autres, ou encore pour le pop corn, on utilise une variété plus sucré: le maïs sucré. Ces cultures sont minimes comparées aux cultures de maïs-grain. Il existe peu de semences de maïs sucré GM sur le marché.

 

 

En l’absence d’étiquetage obligatoire des OGM, il est difficile de savoir si l’épluchette  est génétiquement modifiée. Cependant, Vigilance OGM «veille aux grains» en réalisant  des tests  dans les épiceries de 2012 à 2020 afin de vérifier si le maïs est génétiquement modifié ou non. L’objectif est de pousser les grandes chaînes d’épiceries à adopter une politique claire concernant le maïs sucré GM. Nos résultats, non exhaustifs, démontrent l’absence depuis 4 ans d’épis de maïs sucré GM dans les épiceries testées, preuve que notre travail a porté ses fruits.

Décembre 2020: Fiche d'identité du maïs sucré tiré du classement sur la transparence 

2. Qui produit du maïs GM ?

 

En 2018, le maïs GM représentait 30,7% des cultures génétiquement modifiées dans le monde avec 58,9 millions d'hectares. (1) À travers le monde environ 1/3 du maïs est GM. (2). Sans surprise, ce sont 3 des 5 grands producteurs mondiaux d’OGM qui produisent la grande majorité du maïs GM soit 91,2 % de la totalité de maïs GM cultivé au monde. En 2018, les plus gros producteurs étaient par ordre décroissant: les États-Unis (33,17 millions d'hectares), le Brésil (15,38 millions d’hectares), l’Argentine (5,51 millions d’hectares), l’Afrique du Sud (2,0 millions d’hectares) et le Canada (1,57 million d’hectares).

Au Québec


Le Canada est le 4ème plus gros producteur mondial d’OGM dans le monde. Le Canada est un véritable leader depuis l’arrivée des cultures OGM il y a plus de 20 ans et sa législation est très permissive et non transparente. En 2019, les surfaces ensemencée de culture GM au Québec ont atteint  598 600 hectares . (3)
Le maïs est toujours la culture GM la plus répandue au Québec juste devant le soya avec 350 900 hectares cultivés sur un total de 382 500 hectares au total soit 91,2 % du maïs grain en GM au Québec.

Ainsi, il y a plus de 9 chances sur 10 qu’un champ de maïs soit GM au Québec.

 

3. Pourquoi on le modifie ?

 

Vingt ans après leur arrivée sur le marché, plus de 90 % des cultures de maïs GM sont créées pour tolérer des herbicides tels que l’herbicide à base de glyphosate, le Roundup de Monsanto (1). Dans 9,5 % des cas (5,6 millions d'hectares), le maïs est génétiquement modifié pour tolérer des herbicides. Dans 81,2 % des cas (47,8 millions d'hectares), il est génétiquement modifié pour combiner à la fois la tolérance aux herbicides et la résistance aux insectes, il est dit à «caractères empilés». Les 9,3% des cultures restantes sont génétiquement modifiées pour créer leur propre insecticide, on parle alors de maïs Bt. Dans le cas du maïs, les mêmes tendances sont constatées que dans les autres grandes cultures GM. Ainsi, on observer une tendance à la baisse des cultures résistantes aux herbicides au profit de celles dites à «caractères empilés» (1).

Au Canada, de nombreuses variétés de maïs GM sont disponible dont les plus répandues sont les maïs tolérant le glyphosate («RoundupReady») et le glufosinate («LibertyLink»). Certaines variétés de maïs comme le maïs «SmartStax» des compagnies Monsanto et Dow comportent huit gènes empilés: deux permettant la tolérance à des herbicides et six produisant des insecticides. Le maïs «SmartStax» à été accepté en 2009 au Canada.

2,4 D


Le Canada a été le premier pays au monde à approuver en 2012 du maïs tolérant au 2,4-D. Depuis 2017, on trouve sur le marché du Québec des semences GM tolérantes au glyphosate et au 2-4 D, ce sont les Enlist MC de la compagnie Dow Agrosciences. Il est inquiétant de voir l’arrivée de ces nouvelles semences GM sur le marché car elles vont par conséquent augmenter l’utilisation de dicamba et sa dissémination dans  l’environnement.

 

4. Problématiques

 

Augmentation des pesticides


Comme cela a été constaté, en raison de l’émergence des mauvaises herbes résistantes au glyphosate, les cultures tolérantes à cette herbicide arrivent à la fin de leur règne. L’industrie des semences et des pesticides encourage les agriculteurs à employer d’anciens herbicides tels que le 2,4-D dans les cultures de maïs. Cette stratégie risque toutefois d’engendrer les mêmes problèmes que ceux découlant de la sur-utilisation de glyphosate dans les cultures de maïs, le cercle vicieux des pesticides.

Les malherbologistes considèrent que les nouvelles cultures tolérantes aux herbicides n’auront qu’une utilité restreinte car il existe déjà de nombreuses mauvaises herbes résistantes à ces anciens herbicides. Il existe seize espèces de mauvaises herbes résistantes au 2,4-D dans le monde (dont quatre aux États-Unis et deux au Canada). L’agroéconomiste de renommée, Dr Charles Benbrook, a prédit qu’une utilisation à grande échelle de cultures résistantes au 2,4-D aux États-Unis pouvait encore faire augmenter l’utilisation d’herbicides de 50 % (4), en plus de favoriser la résistance chez les mauvaises herbes (4).


Santé


Au-delà des problématiques sur l’environnement des cultures GM existantes, il existe une menace pour la santé qui découle de la vente des premières semences GM tolérantes au glyphosate et au 2-4 D au Québec. Le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), organisme créé par l'OMS, a classé le 2,4 D en 2015 comme «possiblement cancérigène». (5) De plus le 2-4 D est classifié comme un perturbateur endocrinien ou suspecté de l'être, selon les pays. La Suède, la Norvège et le Danemark l'ont interdit totalement et le Canada l’a interdit dans les espaces verts publics. (6)

En 2015, le 2-4 D était le 10ème agent actif ayant l’impact le plus négatif sur la santé. (7) Son utilisation risque d’augmenter rapidement avec l’adoption des nouvelles semences GM qui lui sont tolérantes.

Contamination


Le maïs est considéré comme une plante à risque élevé en ce qui attrait à la contamination génétique. En effet, son taux de pollinisation croisée, c'est-à-dire sa faculté à se «reproduire» avec ses voisins est très élevée, soit 82% à une distance de 1,3 m. Cette pollinisation croisée décroit avec la distance mais peut aller jusqu’à 500m. Au Québec, une zone tampon de 8m est requise pour la production biologique et ne permet donc pas de prévenir la contamination par les cultures GM. (8)

 

(1) James, C. (2018). Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2018. ISAAA brief No. 54. International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA): Ithaca, NY. (en ligne)
(2) Foreign Agricultural Service/USDA , Janvier 2018. (en ligne)
(3) Statistique Canada. Table 001-0072 – Estimations de la superficie, du rendement, de la production de maïs-grain et de soya, en utilisant des semences génétiquement modifiées, Québec et Ontario, en unités métriques et impériales, CANSIM (database).
(4) Benbrook, C., Impacts of genetically engineered crops on pesticide use in the U.S. – the first sixteen years. Environmental Sciences Europe, 24, 2012.
(5) « Herbicide 2,4-D 'possibly' causes cancer, World Health Organisation study finds », The Guardian, 22 juin 2015.
(6) "Acide 2,4-dichlorophénoxyacétique", Wikipedia, consulté le 29 août 2017. (en ligne)
(7) MDDELCC. (2016a). Bilan des ventes de pesticides 2015. Milieu agricole. Québec : Gouvernement du Québec. (en ligne)
(8) Enjeux et approches concernant l’atténuation des risques liés à la présence adventice de produits génétiquement modifiés dans les cultures biologiques au Canada, Eco-Ressources Consultant, Juin 2012.

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