Impacts sur la santé
25 ans après leur arrivée sur le marché, 88 % des OGM dans le monde sont créés pour résister à des herbicides tels que l’herbicide à base de glyphosate, le Roundup de Monsanto (1). L’usage de ce type de culture a entraîné une augmentation de l’utilisation des herbicides, notamment ceux contenant du glyphosate. Monsanto a longtemps soutenu que le glyphosate était biodégradable et sans dangers. Cependant, en 2016, les «Monsanto Papers» ont révélé des correspondances internes montrant que la firme savait depuis 1999 que son produit était potentiellement cancérigène. Cela est particulièrement préoccupant puisque cet herbicide se retrouve partout dans notre environnement et dans notre alimentation.
Très peu d’études examinent les risques des OGM sur la santé, mais il y en a plusieurs qui portent sur les effets négatifs associés à l’usage des pesticides, notamment le glyphosate. Le manque d’études scientifiques indépendantes est un frein important dans la gestion proactive du risque des OGM, tout comme la méconnaissance des conséquences non anticipées dues au caractère aléatoire de la manipulation génétique.
(1) James, C. (2017). Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2016, ISAAA brief No. 52. International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA): Ithaca, NY. (en ligne)
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OGM et santé
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OGM: absence de consensus scientifique
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OGM: effets potentiels sur la santé
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Pesticides: santé
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Pesticides: cancer et parkinson
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Pesticides: enfants et femmes enceintes
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Pesticides: Perturbations endocriniennes et infertilité
1-OGM et santé
Les OGM pourraient avoir certains impacts sur notre santé. Toutefois, très peu d’études ont été menées sur ces risques, en partie en raison du brevetage qui restreint la recherche indépendante. Ceci nous mène à nous poser plusieurs questions quant aux raisons du nombre peu élevé d'études et sur les impacts potentiels que pourraient avoir les OGM sur la santé.
Études sur les OGM
L'un des facteurs importants qui contribuent au faible nombre d’études menées sur les impacts de ces biotechnologies est le fait que nous ne pouvons pas étudier les OGM brevetés sans l'autorisation des entreprises détenant les brevets (1). Le lobbying, la commandite de la recherche et de l’éducation, et le dénigrement des critiques via l’usage de firmes de relations publiques peuvent aussi expliquer pourquoi le nombre d’études et de critiques est limité. (2)
« Le fait que les données de la recherche privée ne soient pas rendues publiques s’avère plutôt inquiétant. À l’heure actuelle, les chercheurs intéressés par les OGM ne peuvent valider les résultats de recherche du secteur privé, car la plupart de ces produits sont brevetés et, par le fait même, très difficiles, voire impossibles à obtenir. Cette situation limite grandement la recherche faite à l’extérieur des laboratoires des grandes compagnies détentrices de ces brevets. Dans les rares cas où des chercheurs non liés à ces entreprises parviennent à obtenir ces produits, ils se doivent de signer des contrats de non-divulgation de résultats négatifs. Ainsi, seuls les résultats positifs sont connus du milieu. » - Extrait de la Position de l’Ordre des agronomes du Québec sur les organismes génétiquement modifiés (1)
De plus, Santé Canada approuve des aliments génétiquement modifiés sans réaliser de tests d’innocuité. En 2001, le groupe d’experts de la Société royale du Canada sur l’avenir de la biotechnologie alimentaire a recommandé qu’une approche différente soit adoptée pour évaluer les risques des OGM (3). En 2003, la Commission de l’éthique, de la science et de la technologie du Québec a rendu un avis similaire, en invitant le gouvernement du Québec à faire des démarches auprès du gouvernement fédéral canadien pour que «les exigences réglementaires dans les processus d’approbation, de contrôle et de surveillance à long terme des OGM, peu importe le domaine de leur application, soient supérieures à celles qui existent déjà pour les produits nouveaux». (4) Le principe d’équivalence en substance est une pierre angulaire de la réglementation des OGM au Canada, alors qu’il n’est en rien scientifique.
(1) Extrait des Positions de l’Ordre des agronomes du Québec sur les organismes génétiquement modifiés , Janvier 28, 2000, p. 6.
(2) Sheffer, P. (2009-2010) L'influence de l'industrie agroalimentaire dans le domaine de la nutrition et la place de l'esprit critique dans la formation des diététiciens (Mémoire de master recherche de Sciences de l’éducation), Laboratoire Experice, Université Paris 8, p. (en ligne)
(3) An Expert Panel Report on the Future of Food Biotechnology. (2001). Elements of Precaution: Recommendations for the Regulation of Food Biotechnology in Canada. (en ligne)
(4) For the ethical management of GMOS. (October 2003). Commission de l’éthique, de la science et de la technologie. (en ligne)
2- OGM: absence de consensus scientifique
Même si les OGM sont commercialisés depuis maintenant plus de 20 ans, la littérature scientifique sur les aliments GM, notamment les études indépendantes et à long terme, demeure restreinte et contradictoire. En 2013, près de 300 scientifiques ont fait une déclaration commune indiquant qu’il n’y a toujours pas de «consensus scientifique» sur l’innocuité des OGM et que «les décisions sur l’avenir de notre alimentation et de notre agriculture ne doivent pas être fondées sur l’allégation trompeuse et non représentative qu’un «consensus scientifique» existe sur la sécurité des OGM. »
«Les résultats des recherches scientifiques dans le domaine de la sécurité des cultures GM sont nuancés, complexes, souvent contradictoires ou non concluants, confondus par les choix, les hypothèses et les sources de financement des chercheurs et, en général, ont soulevé plus de questions qu’ils n’ont apporté de réponses.» (1)
Voir aussi section: Transparence, Monsanto Papers
(1) Statement: No scientific consensus on GMO safety, statement made by more than 300 researchers, published via European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility, January 2015. (en ligne)
3- OGM: effets potentiels sur la santé
En 2001, le groupe d’experts de la Société royale du Canada sur l’avenir de la biotechnologie alimentaire (1) a identifié plusieurs catégories de risques potentiels pour la santé humaine:
- la création de nouvelles substances toxiques;
- la création de nouveaux allergènes;
- la résistance aux antibiotiques.
Toxicité
Plusieurs études ont révélé des signes de toxicité des OGM, sur les reins et le foie par exemple. Ce qui pourrait notamment provoquer l’apparition de maladies chroniques. D’autres études démontrent des effets toxiques, tels que des lésions sur les organes (2).
La toxicité des OGM et des herbicides associés doit également être évaluée avec des études à long terme, telle que celle menée sur le maïs GM NK603 pendant deux ans par Gilles-Éric Séralini, biologiste moléculaire de l’Université de Caen en France. Il s’agit de l’étude la plus approfondie jamais menée sur un aliment GM et les pesticides qui y sont associés (3).
Reproduire celle-ci et d’autres études permettrait de confirmer ou d’infirmer ces résultats. Ultimement, mener des tests plus poussés pourrait confirmer les impacts sur la santé humaine et aider à en identifier les causes. Malheureusement, les études à long terme sont rarement menées par des organismes indépendants, incluant les départements gouvernementaux.
Allergies
Les allergènes sont des substances naturellement produites par les végétaux et certains animaux. Or, un aliment GM pourrait contenir une plus grande quantité d’allergènes en raison des réactions possibles de la plante à l’insertion d’un ou de plusieurs gènes dans son génome, y compris au moment de la production de la ou des protéines. (4) La cause de l’augmentation des allergies alimentaires (5) en Amérique du Nord est largement méconnue (6). La question de l’allergénicité des aliments GM demeure problématique pour l’évaluation des risques et, comme l’a souligné le groupe d’experts de la Société royale du Canada sur l’avenir de la biotechnologie alimentaire, la multiplication du nombre d’aliments GM présents sur le marché et l’exposition accrue à ceux-ci fera augmenter la probabilité de risque d’allergie (1).
Résistance aux antibiotiques
On utilise un gène antibiotique comme marqueur pour vérifier si l’insertion s’est bien passée et si le trait nouvellement introduit exprime la fonction désirée. L’approbation d’aliments GM produits avec des gènes marqueurs résistants aux antibiotiques est déconseillée internationalement en raison du risque - même faible - que ces gènes puissent se transmettre aux bactéries intestinales. Pourtant, la plupart des aliments GM sur le marché ont été conçus de cette façon. La résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes constitue un problème mondial de plus en plus sérieux, qui menace l’avenir des traitements médicaux aux antibiotiques. La Commission européenne note également que «si les plantes GM dotées de gènes résistants aux antibiotiques sont cultivées sur une très vaste superficie, la possibilité d’un transfert de gènes à d’autres organismes (transfert génétique horizontal), normalement rare, pourrait devenir prépondérante» (7). Rappelons que nous avons, au Québec, de très grandes surfaces de cultures GM avec plus de 590 000 hectares ensemencés en 2017 (8).
Exposition alimentaire
Le groupe d’experts de la Société royale du Canada a souligné la nécessité de tenir compte de l’exposition alimentaire lors de l’évaluation du risque : «la probabilité d’un effet toxicologique est effectivement liée, non seulement à la nature de la substance à laquelle une personne pourrait être exposée, mais aussi au degré d’exposition» (1). Le groupe d’experts a également indiqué que le risque potentiel de développer des réactions toxiques ou allergiques aux aliments GM augmenterait probablement avec une exposition accrue (1).
(1) An Expert Panel Report on the Future of Food Biotechnology. (2001). Elements of Precaution: Recommendations for the Regulation of Food Biotechnology in Canada. (en ligne)
(2) Fagan, John, Michael Antoniou, and Claire Robinson. 2014. GMO Myths and Truths. Second edition, Version 1.0. Earth Open Source. Page 128. (en ligne)
(3) Séralini GE, E. Clair, R. Mesnage, et al. 2012. [RETRACTED:] Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. Food Chem Toxicol. 50:4221-4231. (en ligne)
(4) Site du gouvernement du Québec sur les OGM, section :Toxicité et allergies liées à la présence du gène inséré, visité le 23 février 2018. (en ligne)
(5) Canada just started to study the prevalence of food allergies, but the Centers for Disease Control and Prevention in the United States report that in children under 18 years old, the prevalence of allergies has increased from 3.4% in 1997 to 5.1% in 2009-2011. See Kristen D. Jackson, LaJeana D. Howie, Lara J. Akinbami. 2013. Centers for Disease Control and Prevention. National Center for Health Statistics Data Brief Number 121, May. Trends in Allergic Conditions Among Children: United States, 1997–2011. (en ligne)
(6) Statement: No scientific consensus on GMO safety, statement made by more than 300 researchers, published via European Network of Scientists for Social and Environmental Responsibility, January 2015. (en ligne)
(7) European Commission, GMO Compass. Food Safety Evaluation Antibiotic Resistance Genes: A Threat? Accessed August 23, 2015. (en ligne)
(8) Statistique Québec 2017. (en ligne)
4- Pesticides: santé
Les pesticides posent des risques importants pour notre santé et pour l’environnement. Les études sur le sujet se sont multipliées, particulièrement sur le glyphosate, l’ingrédient principal de la formule Roundup de Monsanto qui est le pesticide le plus massivement utilisé sur les cultures GM. Il s’agit également du pesticide le plus vendu au Québec et ses ventes ont augmenté de 66 % entre 2006 et 2015 (1). En 2015, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui fait de la recherche sur le cancer, le centre international de recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le glyphosate dans la catégorie 2A – c’est-à-dire « cancérogènes probables » –, dernier échelon avant la qualification de « cancérogène certain ».
Les pesticides à base de glyphosate sont des pesticides qu’on appelle «systémiques», c’est-à-dire qu’ils s’intègrent à toute la plante, ses feuilles, ses racines, sa sève, etc. Cela signifie que les résidus de pesticides se retrouvent dans nos aliments et ne peuvent être simplement nettoyés. Pour la population en général, la nourriture représente la source d’exposition la plus importante aux pesticides. Les pesticides étant ingérés souvent et pendant de longues périodes, ils pourraient avoir des conséquences à long terme, comme le développement de cancers ou le dérèglement du système endocrinien, neurologique et reproducteur (comme cela est observé chez les animaux de laboratoire). (2)
Lors du processus d’homologation des pesticides, des études toxicologiques et écotoxicologiques doivent être présentées par les compagnies désirant mettre sur le marché canadien leurs formulations commerciales afin d’en évaluer les impacts sur la santé et l’environnement selon les exigences des organismes d’évaluation. Or, ces études analysent les impacts du principe actif seul.
D’un point de vue scientifique, cette façon de faire est très discutable, comme le souligne le Comité d’experts sur les tests intégrés pour les pesticides (3). La prise en compte du principe actif seul lors des tests toxicologiques est une lacune du processus d’homologation (3), car aucun individu n’est exposé au principe actif seulement. Plusieurs recherches (4) ont démontré que la formulation commerciale d’un pesticide peut avoir des effets plus néfastes que l’ingrédient dit actif. L’une de ces études (5) a été menée sur les 9 pesticides les plus vendus au monde, et montre entre autres que le Roundup, l’un des herbicides produits à base de glyphosate, est 1000 fois plus toxique que le glyphosate seul.
«L'usage des pesticides est maintenant tellement répandu dans notre société que nous avons tendance à oublier que ces produits sont d'abord élaborés pour détruire et contrôler des organismes jugés indésirables ou nuisibles. Lorsque l'on applique des pesticides, l'environnement peut être contaminé par ces substances, que ce soit l’eau, l’air ou le sol. Ils peuvent avoir des effets nocifs sur les organismes non visés, y compris l'être humain. C'est pourquoi de nombreux pays ont légiféré afin de contrôler la vente et l'usage de ces produits.» - MDDELCC (6)
Voir l'émission LA SEMAINE VERTE
Exposition alimentaire
Comme dans le cas des OGM, les autorités réglementaires gouvernementales canadiennes ne connaissent pas le degré d’exposition aux pesticides des citoyen·ne·s, car il existe peu de surveillance de l’ensemble des pesticides qui peuvent se retrouver sur les aliments. Alors que les pesticides à base de glyphosate sont de loin les plus utilisés au Canada, il a fallu attendre jusqu'en 2017 pour que Santé Canada réalise les premiers tests. Santé Canada a trouvé des résidus de glyphosate dans 47% des légumineuses, 37% des produits céréaliers et 31% des aliments pour enfants testés (7). Ces résidus se retrouvent même sur de nombreux produits non GM puisque le Roundup est aussi utilisé en fin de récolte comme traitement de dessiccation.
Voir l'émission LA SEMAINE VERTE
Pour résoudre ce problème, Santé Canada a fixé des limites maximales de résidus (LMR) de pesticides sur les aliments consommés par les humains. (8) Cependant les LMR sont malheureusement flexibles. En effet, on a vu par exemple la LMR américaine du soya passée de 5mg/kg à 20mg/kg en 1997 au moment de la commercialisation du soya GM. En 1999, l’Europe fait passer sa LMR pour le soya de 0,1 à 20 suite aux premières importations de soya GM provenant d’Amérique.
Ces normes légales ne sont pas des standards de santé, mais plutôt des valeurs de production agricole. Ces valeurs sont établies à partir des tests dans les champs nécessaires à l’homologation d’un produit. (9) (10) Ce sont donc les fabricants qui fixent les LMR à partir de leurs rapports en champs et offrent aux producteur·rice·s agricoles la garantie qu’elles ne seront pas dépassées s’ils suivent les directives sur l’étiquette.
Il n’est donc pas surprenant de voir que les normes ainsi fixées sont rarement dépassées. Cependant des risques demeurent, car l’impact sur la santé de la présence de plusieurs pesticides différents en même temps dans un aliment est peu connu. (11)
(1) Report on Sales of Pesticides in Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). (en ligne)
(2) Pesticides en milieu agricole, Chapitre 3, Rapport du commissaire au développement durable, Printemps 2016, Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2016-2017.
(3) CETIP, Comité d’experts sur les teste intégrés pour les pesticides. (2012). Nouvelles technologies et évaluation de la sécurité chimique. Conseil des académies canadiennes, Ottawa.
(4) Defarge, N., et al. (2016). "Co-Formulants in Glyphosate-Based Herbicides Disrupt Aromatase Activity in Human Cells below Toxic Levels." Int J Environ Res Public Health 13 (3).
(5) Mesnage, R., et al. (2015). Potential toxic effects of glyphosate and its commercial formulations below regulatory limits.Food Chem Toxicol., 83 : 133-153. (en ligne)
(6) Définition des pesticides du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux Changements climatiques (MDDELCC) visité le 11 avril 2016 , (en ligne)
(7) Santé Canada. (en ligne)
(8) Santé canada, site visité le 22 février 2018. (en ligne)
(9) Davies, Les, Michale O’Connor et Sheila Logan, (2004). Chronic Intake. Hamilton, Denis et Stephen Crossley (éds), Pesticide Residues in Food and Drinking Water. Huamn Exposure and Risks, John Wiley & Sons Ltd, Chichester : 213.
(10) Maclachlan, Dugald J. et Denis Hamilton. (2010). Estimation methods for Maximum Residue Limits for pesticides. Regulatory Toxicology and Pharmacology, 58 : 208-218.
(11) Pesticides en milieu agricole, Chapitre 3, Rapport du commissaire au développement durable, Printemps 2016, Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2016-2017.
5- Pesticides: cancer et parkinson
Cancers:
D’une façon générale, les recherches montrent qu’une exposition aux pesticides, même à des quantités très faibles, peut conduire à un risque accru de développer des cancers, particulièrement chez les jeunes enfants et les jeunes adultes (1). Le professeur de bio imagerie de l’Institut de Sciences biomédicales de l’Université d’Ulster, C Vyvyan Howard, est l'un des professeurs responsables de l’étude dénommée «Les influences environnementales dans l’étiologie du cancer». Il déclare: «les contaminants environnementaux, en particulier les pesticides de synthèse et les organochlorés avec des propriétés de perturbation du système hormonal, peuvent constituer des facteurs majeurs de déclenchement de tumeurs malignes hormono-dépendantes (...) on devrait maintenant s’attacher à réduire l’exposition à ces produits chimiques problématiques.».
Le glyphosate, principal ingrédient de la formule Roundup de Monsanto, a été catégorisé comme un cancérigène probable chez l’humain (catégorie 2A) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC) de l’Organisation mondiale de la santé en 2015 (2).
En 2016, Monsanto a dû rendre publiques des correspondances internes révélant que la firme avait conscience de la dangerosité de ces produits depuis 1999, c’est ce qu’on appelle maintenant l’affaire des «Monsanto papers». En effet, dès 1999, la compagnie s’inquiète du potentiel mutagène du glyphosate, c’est-à-dire sa capacité d’engendrer des mutations génétiques et ainsi des cancers.
À L’INTERNE, MONSANTO SAIT DEPUIS PLUS DE 15 ANS QUE LE ROUNDUP EST CANCÉRIGÈNE, MAIS L'ENTREPRISE CONTINUE DE MENTIR PUBLIQUEMENT.
Une étude épidémiologique réalisée au Canada démontre l’augmentation des lymphomes non hodgkinien (LNH), un cancer du système lymphatique rare chez l’homme, pour les personnes qui épandent les pesticides à base de glyphosate, mais aussi le 2,4 D et le Dicamba. Selon cette étude, deux jours par année peuvent suffire pour augmenter la prévalence. (3) En France ce type de cancer est reconnu comme étant une maladie professionnelle (impacts agri 6) liée à l’utilisation de certains pesticides chez les agriculteur·rice·s. Aux États-Unis, des chercheur·euse·s ont eu accès aux études gardées secrètes par Monsanto grâce au Freedom of Information Act. Des études réalisées sur des rats durant toute leur durée de vie, datant des années 80, démontrent qu’à faibles doses le glyphosate peut entraîner des cancers des reins, de la vessie, du cerveau, de l’hypophyse et de la thyroïde ainsi que de la prostate chez les mâles et des seins chez les femelles. (4) (5) Ces études, réalisées par la compagnie elle-même, arrivent à certaines conclusions similaires à celle de l’étude du professeur Seralini que Monsanto a essayé de démolir par tous les moyens possibles, comme l’ont prouvé les Monsanto Papers. Monsanto a réussi à faire retirer cette étude, mais elle a été republiée par la suite dans un autre journal scientifique à comité de lecture. (6)
Parkinson:
De tous les produits chimiques qui montrent des liens avec la maladie de Parkinson, les pesticides sont ceux qui dénotent les liens les plus évidents. Des recherches ont montré des taux plus élevés de la maladie de Parkinson chez les personnes qui ont été exposées à des pesticides sur une longue période dans le cadre de leur environnement de travail (7). Depuis mai 2012, en raison des pressions combinées des débardeur·euse·s et des agriculteur·rice·s, la maladie de Parkinson est considérée comme étant une maladie professionnelle en France. Par ailleurs, il s'agit de la seconde maladie neurodégénérative liée à l’usage des pesticides qui est reconnue en France, après l’Alzheimer (8).
De nombreuses études s’intéressent spécifiquement aux liens entre le glyphosate et les conditions neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson (9) (10).
(1) JOHN A. NEWBY BSc & C. VYVYAN HOWARD MB, ChB, PhD, FRCPath Environmental influences in cancer aetiology Journal of Nutritional and Environmental Medicine 2006, 1 59. (en ligne)
(2) Kathryn Z Guyton & al., on behalf of the International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group, IARC, Lyon, France. Carcinogenicity of tetrachlorvinphos, parathion, malathion, diazinon, and glyphosate. (en ligne)
(3) McDuffie HH, Pahwa P, McLaughlin JR, Spinelli JJ, Fincham S, Dosman JA, et al. Non-Hodgkin’s lymphoma and specific pesticide exposures in men: cross-Canada study of pesticides and health. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2001;10:1155–1163. [PubMed].
(4) Lankas, G.R. and Hogan, G.K. A lifetime feeding study of glyphosate (Roundup technical) in rats Project #77-2062. (Unpublished study received 20 January 1982 under 524- 308; Bio/dynamics Inc., submitted by Monsanto to the EPA. Includes the studys 4-volume Quality Control evaluation of the Bio/dynamics assessment performed by Experimental Pathology Laboratories, Inc. (2,914 pp.) CDL:246617-A; 246618; 246619; 246620; 246621). MRID 00093879
(5) Monsanto. A three-generation reproduction study in rats with glyphosate. Final Report. Bio/dynamics Project No 77-2063. Submitted to EPA for evaluation. (31 March 1981).
(6) Gilles-Eric Séralini et al, Republished study: long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize, Environ Sci Eur. 2014; 26(1): 14. (en ligne)
(7) Parkinson’s Disease Foundation. (en ligne)
(8) Le lien entre la maladie de Parkinson et les pesticides officiellement reconnu. (en ligne)
(9) Gui YX and al. Neurotoxicol Teratol. 2012 May-Jun; Glyphosate induced cell death through apoptotic and autophagic mechanisms. (en ligne)
(10) Anthony Samsel and Stephanie Seneff, Entropy 2013, 15(4), 1416-1463, Glyphosate’s Suppression of Cytochrome P450 Enzymes and Amino Acid Biosynthesis by the Gut Microbiome: Pathways to Modern Diseases. (en ligne)
6- Pesticides: enfants et femmes enceintes
Femmes enceintes
L'ONU a fait un constat inquiétant dans un rapport publié en 2017 portant sur l’effet des pesticides sur les femmes enceintes:
«Les femmes enceintes exposées aux pesticides courent un risque plus élevé de faire une fausse couche, d’accoucher prématurément et d’avoir un enfant présentant des anomalies congénitales. Des études ont régulièrement conclu à la présence d’un cocktail de pesticides dans le cordon ombilical et dans les premières selles des nouveau-nés, prouvant une exposition prénatale(2).
Des éléments d’information récents donnent à penser que l’exposition des femmes enceintes aux pesticides entraîne un risque plus élevé de leucémies et d’autres cancers durant l’enfance, d’autisme et de maladies respiratoires (3). Par exemple, des pesticides neurotoxiques peuvent traverser la barrière placentaire et perturber le développement du système nerveux du foetus, tandis que d’autres produits chimiques toxiques peuvent avoir des effets néfastes sur son système immunitaire non développé. (4)».
En Argentine, dans la province du Chaco, où le soja GM résistant au glyphosate est largement cultivé, les malformations congénitales ont triplé au cours des dix dernières années (5). Une autre étude menée dans un hôpital paraguayen en 2006-2007 a constaté que les femmes qui vivent à moins de 1 km des champs de soja traités aux pesticides étaient deux fois plus susceptibles de donner naissance à un enfant présentant une malformation (6).
Enfants
Concernant l’effet des pesticides sur les enfants, le constat du rapport de l’ONU en 2017 (1) est alarmant: «Les enfants sont parmi les plus exposés à la contamination par les pesticides, du fait que leurs organes sont encore en développement, et que, comme ils sont petits, ils sont exposés à une dose supérieure par unité de poids corporel; le taux et l’activité des principales enzymes de détoxification sont bien moins élevés chez l’enfant que chez l’adulte (7). Une exposition aux pesticides dans l’enfance peut avoir des effets sur la santé tels qu’une déficience du développement intellectuel, des troubles du comportement et autres anomalies du développement (8). De nouveaux travaux de recherche ont permis de constater que l’exposition à des niveaux de pesticides même minimes, par exemple des pesticides transportés par le vent ou se trouvant sous forme de résidus sur la nourriture, peuvent avoir des effets dévastateurs sur la santé des enfants, notamment perturber leur croissance physique et mentale et déclencher des maladies et des troubles dont ils souffriront à vie.»
Dans une étude scientifique menée au Canada et aux États-Unis, il a été démontré que les enfants exposés à des concentrations importantes de pesticides via les fruits et légumes cultivés aux États-Unis sont plus susceptibles de souffrir de troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) (9). Une étude, publiée en 2015, a démontré un lien positif entre l’augmentation de l’utilisation des pesticides à base de glyphosate et l’augmentation des cas de TDAH dans les populations avoisinantes des zones d’applications (10). Une autre étude nord-américaine réalisée auprès de familles d'agriculteurs a établi des liens entre l'utilisation de glyphosate et des taux plus élevés de TDAH chez les enfants (11).
(1) Rapport de la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation , 24 janvier 2017, Conseil des droits de l’homme , A/HRC/34/48.
(2) Enrique Ostrea, Dawn Bielawski et N. C. Posecion, « Meconium analysis to detect fetal exposure to neurotoxicants », Archive of Disease in Childhood, vol. 91, no 8 (septembre 2006).
(3)Council on Environmental Health, « Policy statement: pesticide exposure in children », Pediatrics, vol. 130, no 6 (décembre 2012).
(4) «Wildlife ecotoxicology of pesticides», Köhler, p. 19.
(5) López SL et al (2012) Pesticides Used in South American GMO-Based Agriculture: A Review of Their Effects on Humans and Animal Models. Advances in Molecular Toxicology Vol. 6 pp. 41-75. (en ligne)
(6) Benítez-Leite S, Macchi ML & Acosta M (2009) Malformaciones congénitas asociadas a agrotóxicos [Congenital malformations associated with toxic agricultural chemicals]. Archivos de Pediatría del Uruguay Vol. 80 p. 237-247.
(7) Beyond Pesticides, « Children and pesticides don’t mix », fiche d’information, consultable à l’adresse. (en ligne)
(8) Eyhorn, Reducing Pesticide Use, p. 9.
(9) Maryse F. Bouchard and al. may 2010, Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder and Urinary Metabolites of Organophosphate Pesticides. (en ligne)
(10) Fluegge KR, PLoS One. 2015 Aug 19, Glyphosate Use Predicts ADHD Hospital Discharges in the Healthcare Cost and Utilization Project Net (HCUPnet): A Two-Way Fixed-Effects Analysis. (en ligne)
(11) Garry VF et al. (2002) Birth defects, season of conception, and sex of children born to pesticide applicators living in the Red River Valley of Minnesota, USA. Environmental Health Perspectives Vol. 110 pp. 441-449. (en ligne)
7- Pesticides: Perturbations endocriniennes et infertilité
Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques naturelles ou de synthèse présentes dans certains pesticides, mais aussi dans des cosmétiques, solvants ou plastiques, et qui sont capables d’interférer avec le système hormonal de nombreux êtres vivants, favorisant ou causant l’apparition de multiples pathologies graves. Les scientifiques sont unanimes: les perturbateurs endocriniens constituent une menace mondiale pour la santé. Ils interfèrent avec le système hormonal et «brouillent» les signaux naturels de l’organisme. Ils sont soupçonnés d’augmenter les risques de nombreuses maladies, depuis les cancers (du sein, de la prostate, du testicule), jusqu’aux malformations sexuelles, en passant par l’infertilité, le diabète, l’obésité et les troubles du développement neurologique.
Dans les dernières années, les scientifiques sont devenus de plus en plus préoccupés à propos des nombreux produits chimiques qui agissent comme perturbateurs endocriniens même à des doses très faibles. Spécialement durant la grossesse ou la puberté, les perturbateurs endocriniens peuvent entraîner des effets irréversibles, même s’il n'y a pas de signes évidents de leur toxicité sur le moment (1). À ce jour, 127 substances actives de type pesticides autorisées en Europe sont soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens, et le Roundup fait partie de ceux-ci.
Des études soulignent d’ailleurs les impacts de l'herbicide à base de glyphosate Roundup de Monsanto sur le système endocrinien, ce qui entraînerait des effets particulièrement négatifs sur la reproduction, incluant la quantité de spermatozoïdes dans le sperme (2).
Une étude menée sur une population rurale de femmes ayant des problèmes de fertilité montre que le facteur prédominant est la préparation et l’application d’herbicides (les risques sont 27 fois plus élevés) et que ce risque serait bien plus élevé que le risque associé au fait d’avoir un partenaire masculin de plus de 40 ans (4,5 fois) ou encore celui d’une prise de poids constante au cours de l’âge adulte (3,5 fois) (3).