Commission pesticides
Réglons les problèmes à la source
Aujourd’hui, la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles (CAPERN) a rendu public son rapport sur les pesticides. Cette commission avait été mise en place suite aux révélations du lanceur d’alerte, Louis Robert, un agronome congédié (puis réintégré) du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) pour avoir dénoncé l’influence des lobbyistes des pesticides sur notre agriculture et sur la recherche publique.
« Même si le nombre des recommandations a été bonifié suite aux pressions des partis d’opposition, il n’en reste pas moins que ces dernières ne tendent pas à régler les problèmes à la source », s’étonne Thibault Rehn, de Vigilance OGM. « En effet, aucune recommandation n’indique de séparer totalement le service-conseil de la vente de pesticides alors que c’était au cœur des demandes de la majorité des participants ».
Le rapport ne fait aussi aucune mention des cultures génétiquement modifiées (OGM) qui représentent presque la majorité des terres cultivées au Québec (1) (si on exclut le foin) et qui sont fortement dépendantes de l’utilisation de pesticides. En effet, plus de 87 % des OGM sont créés pour tolérer un ou plusieurs herbicides (2). Le Québec est un grand producteur mondial d’OGM, la très grande majorité du maïs et du soya que l’on cultive est génétiquement modifié pour tolérer des pesticides à base de glyphosate par exemple. Cependant, suite à l’apparition de « mauvaises herbes » résistantes, on voit apparaître sur le marché des nouvelles cultures résistantes au dicamba et au 2,4-D, des « vieux » herbicides qui ont un impact important sur notre environnement et notre santé.
« Vigilance OGM espérait que les recommandations de la CAPERN permettraient la construction de bases solides vers un réel changement de paradigme dans notre agriculture au bénéfice des agriculteur.rice.s et des citoyen.ne.s du Québec », indique M. Rehn, « l’agriculture est un formidable moteur de changement sociétal qui permet d’améliorer notre santé, notre environnement et la résilience de nos communautés. ». Malheureusement, les agriculteur.rice.s sont les oubliés du mémoire de la CAPERN avec l’absence de l’attendue reconnaissance des maladies professionnelles pour ce corps de métier pourtant en première ligne.
De nombreux professionnels en agriculture, qui ont participé à cette commission, ont souligné la possibilité de se passer d’une grande partie de l’utilisation des pesticides au Québec sans compromettre la rentabilité pour les agriculteurs, bien au contraire. À l’instar du rapporteur spécial au droit à l’alimentation de l’ONU, Vigilance OGM avait dénoncé le recours à des stratégies de marketing « non éthiques et agressives » de la part de multinationales. (3) Selon M. Louis Robert : « Les lobbyistes ne sont puissants que parce que nous sommes à genoux (4)». Est-ce que le gouvernement du Québec arrivera à se tenir debout dans ce dossier, notamment dans sa future politique d’agriculture durable ?