4. Les nouveaux OGM
Les OGM qui sont aujourd’hui commercialisés sont en très grande majorité réalisés par la transgénèse. Or cette technique est d’ores et déjà ancienne. Même si la transgénèse n’est plus la seule technique utilisée par les entreprises pour générer des OGM, les techniciens ont aujourd’hui à leur disposition plusieurs autres méthodes aux noms évocateurs comme la technologie de CRISPER/cas9, de nucléase en doigt de zinc ou la cisgénèse. De nouvelles plantes au patrimoine génétique modifié seront donc bientôt commercialisées.
Nouveaux OGM: anciens risques
Il ne faut cependant pas se laisser berner par les discours souvent trompeurs de l’industrie, vantant la précision et les possibilités infinies de ces nouvelles techniques. C’est exactement le même discours qu’ils nous servaient déjà il y a plus de 20 ans avec la transgénèse faisant miroiter des avantages pour l’environnement, l'agriculture, mais surtout pour nourrir le monde ! Après 20 ans, compte tenu des OGM sur le marché, force est de constater que le but est de nourrir leur profit.
La question fondamentale n’est pas de savoir quelle est la science derrière les OGM, mais au profit de qui se fait cette science?
Cacher les nouveaux OGM
En Europe, où les règlements sur les OGM sont plus stricts que chez nous, la classification que les agences de réglementations vont adopter à l’égard des nouveaux OGM pourrait échapper aux procédures d’évaluation des risques, de suivi et d’étiquetage obligatoire. Une bataille intense a lieu en ce moment afin que ces «nouveaux OGM» soient réglementés de la même façon pour qu’ils ne passent pas sous le radar des agriculteur·rice·s et des consommateur·rice·s.
La biologie synthétique
Un autre domaine inquiétant est le domaine de la biologie synthétique. En simplifiant on peut dire que «La biologie synthétique est un secteur technologique en bourgeonnement capable de créer des systèmes génétiques artificiels et de programmer des formes de vie à diverses fins industrielles ».(1)
Bien qu’une grande majorité des activités dans le domaine de la biologie synthétique, jusqu’à présent, soit liée aux entreprises pétrolières et chimiques (biocarburants, bioplastiques…), l'une des avenues en développement est l'utilisation des arômes alimentaires, des fragrances et des huiles essentielles qui étaient auparavant extraites à partir de produits végétaux naturels.
La biologie synthétique ne fait l’objet d’aucun processus de supervision nationale ou internationale et les substances issus de cette technologie sont déjà très présentes dans nos produits alimentaires. Au-delà du fait qu’aucun organisme synthétique n’a été soumis à une évaluation des risques pour l’environnement, ces produits sont surtout un danger économique pour de nombreuses communautés qui dépendent de la production de certaines plantes par exemple.
Dans le cas de la vanille, ce sont 200 000 personnes qui prennent part à la production et au traitement des gousses de vanille, que va-t-il se passer quand la vanille sera uniquement cultivée en laboratoire? (1)
Ce n’est qu’un des nombreux cas qui met en danger la survie de nombreux agriculteur·rice·s à travers le monde.
Les impacts et le potentiel de transformation des nouvelles technologies dépassent les cadres décisionnels actuellement mis en place. En délibérant sur la façon dont cette technologie devrait être développée et déployée, il faudra une diversité d'expertise et de perspectives qui ne se limite pas aux données techniques. Les décisions responsables exigeront un espace neutre et inclusif qui intègre également des considérations éthiques, économiques, spirituelles, politiques et environnementales.
Pour plus d’informations, voir le site de Editing nature (en anglais)
(1) La biologie synthétique en 10 points.