FÊTE DU CANADA
Les 3 décisions qui nous fâchent
C’est la fête du Canada.
À Vigilance OGM, on travaille sur de nombreux enjeux fédéraux, alors on se disait que ce serait une bonne idée de « fêter » (ou plutôt mettre sous le feu des projecteurs) les récentes décisions du gouvernement canadien.
Et il n'y a pas de quoi être fier.
Outre les politiques proposées par Agriculture Canada, les dossiers que nous suivons sont souvent portés par Santé Canada, dont la mission première est — rappelons-le — de défendre la santé des Canadiens et des Canadiennes. Plus spécifiquement, nous regardons attentivement le travail de l’ARLA, l’agence réglementaire de la lutte antiparasitaire, qui s’occupe notamment du processus d’homologation des pesticides.
Durant les dernières semaines, le gouvernement canadien a pris 3 mesures consternantes concernant les OGM et les pesticides. Pour en savoir plus, lisez la suite.
1 - Merci au Canada qui augmentera — finalement — la limite maximale de résidus de pesticides (LMR) sur certains de nos aliments
Il y a quelques jours, le ministre de la Santé, M. Duclos, annonçait que les limites maximales de résidus (LMR) de pesticides seraient — finalement — rehaussées.
Pourquoi « finalement » ? Parce que la décision avait été suspendue en 2021 suite à l’indignation générale et au tollé médiatique que l’annonce avait suscité. L’indignation avait redoublé quand il a été dévoilé que les vendeurs de pesticides eux-mêmes étaient à l’origine de cette demande à Santé Canada.
Les lobbys demandent, Santé Canada s’exécute.
Le gouvernement privilégie donc la santé financière des groupes industriels de l’agrochimie aux dépens de la santé des Canadiens et des Canadiennes.
PS : ah oui, petite gêne tout de même pour le glyphosate dont l’augmentation de la LMR reste toujours en suspens.
PSS : par contre, on ne sait pas quels aliments et quels pesticides seront visés. Le gouvernement n’a pas répondu à cette question.
2 - Merci au Canada qui permet aux entreprises de mettre de nouveaux OGM (issu de l’édition du génome) sur le marché sans aucun contrôle
Santé Canada et agriculture canada font fi des contrôles sanitaires et environnementaux, et même du simple suivi des produits alimentaires mis sur son marché. Dorénavant, les nouveaux OGM seront assujettis à une « transparence volontaire » de la part des industriels.
Rapidement, le gouvernement ne sera plus en mesure de savoir ce qui se retrouve réellement sur le marché. Cette absence de transparence met à mal la filière biologique, qui ne sera plus en mesure de savoir ce qui est génétiquement modifié de ce qui ne l’est pas.
La ministre de l'Agriculture, Mme Bibeau, a déclaré avoir confiance en les industriels.
Cela même qui viennent d’être condamnés à hauteur de 6,9 millions de $ pour publicité mensongère ; qui ont été condamnés pour 21 millions de $ dans le procès les opposant à Dewayne L. Johnson atteint d'un cancer incurable et dont le procès aura permis de révéler que la firme Bayer-Monsanto connaissait la dangerosité de ses produits (aka les Monsanto Papers) ; cela même qui demandent l’augmentation des limites maximales de résidus de pesticides sur nos aliments, etc.
Oui, c’est bien à eux que l’on propose une transparence volontaire.
3 - Merci au Canada qui s’ingère dans la politique mexicaine pour s’opposer aux lois visant à protéger les espèces de maïs endémique de la contamination par le maïs OGM.
Le Mexique a décidé d’arrêter les importations de maïs génétiquement modifié (GM) destiné à la consommation humaine en se justifiant ainsi : «Le Mexique est le berceau de plus de 55 races de maïs. La politique de sécurité alimentaire du gouvernement mexicain consiste à préserver ce patrimoine bioculturel. Il favorise également la préservation des pratiques agroécologiques de nos communautés paysannes, la milpa (techniques agricoles chez les Premières Nations aussi connues sous le nom « trois sœurs ») et la richesse de son patrimoine culinaire. »
Résultat : le gouvernement canadien s’est joint aux États-Unis pour poursuivre le Mexique en vertu de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) ALORS QU’IL N’EST PAS LUI-MÊME IMPORTATEUR!
Le gouvernement canadien menace un pays démocratique qui veut simplement protéger sa souveraineté alimentaire, respecter les pratiques agricoles des nations autochtones, protéger son patrimoine bioculturel et sa biodiversité : c’est inconcevable. Il se porte une nouvelle fois à la défense des intérêts des multinationales.
Cette année encore, voici donc trois bonnes raisons pour « fêter » sa fête au Canada.