Hausse de pesticides
Santé Canada persiste et signe
Montréal, le mercredi 16 août - Santé Canada persiste et signe.
Une seconde consultation (1) sur les limites maximales de résidus (LMR) de pesticides propose une augmentation de 10 fois le seuil précédent.
Là encore, cette consultation fait suite à une demande de Syngenta, fabricant de pesticides.
La LMR de l’azoxystrobine sur les racines de betterave sucrière pourrait ainsi passer de 0,5 ppm (2) à 5 ppm. Cette consultation a lieu alors qu’une autre est en cours présentant une multiplication par 200 du seuil de fludioxonil sur — là aussi — les racines de betteraves sucrières (3).
Rappelons que, d’après les chiffres de l’industrie, 100 % des betteraves sucrières aux États-Unis et au Canada étaient génétiquement modifiés (GM) en 2018 afin de résister aux pesticides à base de glyphosate (Roundup ready) (4). La compagnie canadienne Lantic inc. transforme la betterave sucrière GM en sucre.
Un schéma qui se répète
Pour rappel, quelques semaines avant les élections, en 2021, le gouvernement libéral avait décrété une « pause » sur l’augmentation des LMR (5) suite à l’emballement médiatique survenu autour des consultations concernant le glyphosate. Dans la foulée, le grand public avait appris que ces demandes émanaient directement des vendeurs de pesticides (6). Deux compagnies avaient été pointées du doigt à l’époque, Bayer sur le glyphosate et Syngenta sur le métalaxyl et le sulfoxaflore.
En un mois depuis la reprise des consultations (7), le schéma dénoncé en 2021 s’est donc déjà répété deux fois (pour le fludioxonil et l’azoxystrobine).
« Après un investissement de 42 millions de dollars pour son « programme de transformation » (8), on s’attend à beaucoup mieux de la part de Santé Canada » soulève Laure Mabileau, responsable de la campagne Sortir du glyphosate. « Qu’on se retrouve dans la même situation après deux ans est tout simplement inacceptable ».
« On perd du temps »
« On perd du temps et on perd notre temps » rajoute Laure Mabileau. « Le dossier n’avance pas alors que l’objectif est simple : protéger la santé des Canadien.ne.s et non les intérêts des industriels. Entre les remaniements ministériels, la fréquence épuisante des consultations — qu’on pourrait presque qualifier « de principe » tant elles ne mènent à rien, et le surplace de Santé Canada, on ne voit pas le bout de la crise » dénonce-t-elle. « Et ça, c’est un énième gain pour les lobbys des pesticides ».
Les demandes pour une réforme profonde de Santé Canada se multiplient dans l’espace public, notamment au travers de la voix de M. Lanphear, scientifique indépendant et démissionnaire de son rôle de co-président du comité scientifique (9) mis en place par Santé Canada dans la foulée des événements de 2021.
(1) Consultation sur l’azoxystrobine, limite maximale de résidus proposée PMRL2023-38
(2) partie par millions
(3) Consultation sur le fludioxonil, limite maximale de résidus proposée PMRL2023-34
(4) ISAAA Brief 55-2019: Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2019
(5) Le fédéral recule sur la hausse des seuils permis de glyphosate , Le Journal de Québec, le 4 août 2021
(6) Une hausse des résidus de glyphosate demandée par Bayer, Sarah R. Champagne et Lise Denis, Le Devoir, le 21 juillet 2021
(7) Communiqué de presse de Santé Canada du 20 juin 2023, Le gouvernement du Canada donne suite à ses engagements pour améliorer le processus d'examen des pesticides
(8) Communiqué de presse de Santé Canada du 4 août 2021, Le gouvernement du Canada suspend sa décision au sujet du glyphosate pendant qu’il renforce la capacité et la transparence du processus d’examen des pesticides
(9) Pesticides : démission « révélatrice » d’une scientifique nommé par Ottawa, Thomas Gerbet, Radio-Canada, le 17 juillet 2023
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Vigilance OGM est un organisme à but non lucratif, qui forme un réseau regroupant des groupes et des individus de divers horizons: agriculteur.trice.s, environnementalistes, consommateur.trice.s, citoyen.ne.s, tou.te.s préoccupé.e.s par ce que l’on met quotidiennement dans notre assiette et par l’impact des modes de production des cultures génétiquement modifiées (et de leurs pesticides associés) sur la santé humaine et environnementale.