Scandale (encore)
Santé Canada s'est entendue avec Bayer pour faire taire une chercheuse canadienne
En octobre 2024, on apprenait à travers un article du National Observer comment l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), dépendante de Santé Canada, s'est entendue avec l’entreprise Bayer pour réduire au silence Christy Morrissey, professeur à l'Université de Saskatchewan.
Cette dernière avait recueilli de nombreuses données sur la qualité de l'eau dans les Prairies qui auraient contribué à jeter les bases d'une interdiction nationale, proposée en 2016, de l'imidaclopride et de deux autres néonicotinoïdes — les fameux « tueurs d’abeilles ».
Le géant des pesticides Bayer a mis en route sa machine de lobbys et, avec le soutien total des fonctionnaires fédéraux de l’ARLA, d'Environnement et Changement climatique Canada et d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, les données de Mme Morrissey ont été rejetées sans aucune explication.
Pire encore, le gouvernement s’est basé (encore une fois) sur les données fournies par Bayer de bien moindre pertinence scientifique.
Lobbyistes et gouvernement main dans la main
En février 2016, Mme Morrissey a communiqué à l'organisme fédéral de réglementation des pesticides (ARLA) des données inédites sur l'échantillonnage de l'eau qu'elle avait recueillie dans des zones humides situées sur des terres agricoles de la Saskatchewan.
Une grande partie de l'eau qu'elle a analysée contenait suffisamment de néonicotinoïdes pour justifier sa proposition d'interdiction de l'imidaclopride et lancer un examen spécial pour les deux autres néonicotinoïdes (en accord avec les critères que l’ARLA a elle-même décrétés).
Ces données non publiées se sont rapidement retrouvées entre les mains des lobbys, démontrant que ces derniers travaillent main dans la main avec certains fonctionnaires*.
*(et probablement futurs employés de Croplife - c’est le phénomène des portes tournantes.)
Les efforts déployés par les représentants de l'industrie et du gouvernement pour saper ses conclusions ont commencé presque immédiatement après que la proposition d'interdiction a été rendue publique en novembre 2016. Dans les semaines qui ont suivi, des fonctionnaires fédéraux et provinciaux ont rencontré les plus grands lobbyistes de l'agro-industrie du Canada pour trouver des moyens d'empêcher l'interdiction.