1. Le riz
Le riz «doré» (ou Golden rice) est une variété de riz génétiquement modifiée développée pour produire de la provitamine A (bêta-carotène). Ses partisans affirment que le riz doré est une solution technique rapide à la carence en vitamine A qui est un problème de santé dans de nombreux pays en développement.
Le riz doré est en développement depuis plus de 20 ans, mais aucune application commerciale n'a encore vu le jour, en grande partie en raison des mauvais résultats des tests. La sécurité alimentaire pourrait être remise en cause chez de nombreuses populations s’il y avait une contamination des variétés traditionnelles locales.
Pour résoudre le problème de carence en vitamine A et de sécurité alimentaire, il est préférable d’encourager un régime alimentaire basé sur des légumes riches en vitamines et donc une polyculture aux mains des petits paysans au lieu de monocultures dont les semences seraient brevetées par des multinationales.
Fausses solutions
Bien qu'il soit difficile d'estimer exactement combien d'argent a été dépensé pour le riz doré à ce jour, il est clair que cela se chiffre en plusieurs dizaines de millions de dollars et comprend un investissement substantiel de la Fondation Bill et Mélinda Gates (2). L'argent dépensé sur le riz doré aurait pu contribuer à diminuer significativement les problèmes de carence en vitamines A, des solutions qui utilisent des méthodes éprouvées et fiables.
Après plus de 20 ans et des millions de dollars, le riz «doré» reste une illusion. C’est une recherche qui n’a toujours pas abouti, mais qui permet encore à l’industrie de propager le mythe des OGM bons pour la santé humaine.
La biofortification est un processus qui permet d’obtenir des cultures dont la valeur nutritionnelle est accrue. La biofortification ne nécessite pas forcément le génie génétique. Les cultures biofortifiées non-GM sont déjà dans les champs des producteur·rice·s et dans les assiettes des consommateur·rice·s.
Même si la Food and Drug Administration(FDA) a approuvé le riz GM, elle a annoncé à son développeur (l'Institut international de recherche sur le riz) qu'aucune allégation sur les bienfaits sur la santé ne pourra être mise de l’avant puisque ce riz GM contient très peu de l'ingrédient promis, le bêta-carotène. Pire, même le peu qu'il contient se dégrade rapidement pendant le stockage.
Le Canada approuve le riz GM
Le 20 mars 2018, Santé Canada a approuvé le « riz doré » génétiquement modifié (GM) enrichi en vitamine A même si ce dernier n’est pas destiné à la vente au Canada et n’a pas encore été approuvé par les organismes de réglementation des marchés visés.
Le riz doré n’est pas nécessaire et ne règle pas le vrai problème.
Le riz doré n’est pas la solution : La carence en vitamine A est un symptôme de la faim et de la malnutrition causées par la pauvreté et les inégalités. La vraie solution réside dans des approches qui permettent aux gens de cultiver et d’avoir accès à des régimes alimentaires diversifiés et sains contenant des aliments riches en vitamine A.
Le riz doré n’est pas au point : Le riz doré ne fonctionne pas encore comme promis. Il n’est pas prêt à être cultivé par les agriculteur·rice·s ou à être consommé par la population; ses taux de bêta-carotène ne sont pas aussi élevés que dans plusieurs autres aliments et se dégradent considérablement pendant l’entreposage et la cuisson ; et nous ne savons toujours pas s’il aide à combattre la carence en vitamine A.
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2. La tomate
En 1994 aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) approuva la commercialisation de la tomate FlavrSavr, qui devint ainsi le premier produit dérivé d'une culture transgénique autorisé pour la consommation humaine. Au Canada, quatre tomates GM ont été approuvées (trois pour le mûrissement retardé et une pour la résistance aux insectes), mais aucune d’entre elles n’a jamais été mise sur le marché, ni au Canada, ni ailleurs dans le monde.
La tomate à mûrissement retardé Flavr Savr, mise au point par la société Calgene, a été commercialisée à l’essai pendant quelques semaines sous la marque MacGregor dans une épicerie de Toronto, mais les autres n’ont apparemment jamais atteint le Canada. À l’été 1995, Calgene était au bord de la faillite et Monsanto l’a racheté en 1996. (4)
La tomate GM, le premier OGM au monde sur le marché fut donc un échec puisqu’elle a été retirée après seulement quelques semaines.
La société DNA Plant Technology a génétiquement conçu la tristement célèbre tomate-poisson GM par l’ajout de gènes protéiques antigel de la plie. Heureusement, elle est restée une simple expérience; la société n’a jamais requis l’approbation des appareils réglementaires et ne l’a commercialisée nulle part. (4)
3. Le blé
Le blé génétiquement modifié (GM) n’est ni cultivé ni consommé et il n’y en a jamais eu sur le marché, il est toujours resté sous la forme d’essais. En 2004, Monsanto a retiré les demandes d’approbation de son blé GM Roundup Ready tolérant aux herbicides au Canada et aux États-Unis en raison de l’opposition généralisée des agriculteur·rice·s et des consommateur·rice·s dans les deux pays. La commission canadienne du blé, inquiète de voir les marchés d’exportations se fermer en cas d’acceptation, a joué un rôle essentiel pour le retrait du blé GM.
Cependant, le gouvernement Harper a mis fin à cette institution vieille de plus 75 ans en 2012. La mobilisation citoyenne a aussi joué un rôle majeur, particulièrement via la campagne où les citoyens envoyaient gratuitement à leurs députés fédéraux une tranche de pain afin de leur demander de garder leur pain exempt d’OGM. (pas besoin de timbre pour envoyer une lettre à votre député :)
Contamination
Le 14 juin 2018, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a annoncé la découverte d'un blé génétiquement modifié (GM), non approuvé par celle-ci, près d'une ferme en Alberta, sans en connaître la source. Par la suite, le Japon et la Corée du Sud ont bloqué leurs importations alors que l’industrie du blé canadien représente 11 milliards de $. Encore un exemple qui confirme que l’on ne peut pas se permettre d’être négligeant avec les cultures GM puisqu’il est difficile, voire impossible, de renverser une contamination.
En 2013, du blé GM de Monsanto a été retrouvé dans un champ de l’Orégon. Le Japon, principal marché d’exportation du blé des États-Unis, a suspendu ses importations de blé à la suite de cette découverte. La source de contamination n’a toujours pas été établie. En 2014, du blé GM a aussi été détecté dans un ancien site d’essais en champ d’un centre de recherche universitaire du Montana. (6)
4. Le lin
En 2016, le Canada était le plus grand producteur de lin graine au monde avec environ 40% de la production mondiale. (8) Il n’existe aucune culture de lin GM commercialisée dans le monde même si au milieu des années 1990, le Canada avait approuvé un lin GM mis au point à l’Université de la Saskatchewan. Des semences de lin GM ont été produites pour être vendues aux agriculteur·rice·s de 1996 à 1998, mais en 2001 le «Flax Council of Canada» et la «Saskatchewan Flax Development Commission», qui représentent les producteur·rice·s, ont convaincu l’Agence canadienne d’inspection des aliments de retirer l’enregistrement de la variété du lin GM dans le but de protéger les marchés d’exportation du lin (environ 60% des exportations de lin du Canada sont expédiées en Europe (9).
Malgré les efforts de prévention des agriculteur·rice·s, une contamination par les OGM a malheureusement été décelée dans les exportations vers 36 pays en 2009 et les exportations vers l’Europe ont été temporairement suspendues. Depuis, les producteur·rice·s doivent assumer le coût des tests et l’industrie du lin a travaillé d’arrache-pied pour éliminer la contamination et reconstituer le marché. À l’époque, le prix du boisseau de lin a chuté de 9,90 $ CA à 6,78 $ CA, soit une baisse de 32% du prix, avant même que la contamination ne soit confirmée et basée seulement sur la rumeur. (9)
De nombreux·ses fermier·ère·s ont ainsi été contraints d’acheter des semences certifiées pour remplacer les semences de lin conservées à la ferme.