SYLVAIN CHARLEBOIS
Un controversé très médiatisé
Sylvain Charlebois est professeur titulaire à l’Université Dalhousie à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Il est aussi le directeur scientifique du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire dans la même université.
Depuis 2011, il est membre des comités scientifique et consultatif d’experts de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Il est aussi très actif dans l’espace public, notamment sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme The Food Professor. Il est fréquemment contacté comme expert par les médias, et a une chronique régulière au journal La Presse.
Au-delà de ces positions pro-pesticides et OGM, Sylvain Charlebois est un personnage controversé sur de nombreux aspects.
En juillet 2018, l'Université de Dalhousie a ouvert une enquête interne après des plaintes pour harcèlement et intimidation : ses conclusions n’ont pas été rendues publiques, mais l'affaire a contribué à son départ en août 2018 .
Il est même critiqué publiquement par des chercheurs, comme Daniel-Mercier Gouin, qui a été professeur de politique agricole (agroéconomie) de 1988 à 2019 à l’Université Laval : « Le professeur Charlebois nous a habitués aux demi-vérités, aux contradictions et parfois à quelques faussetés ».
Il reste aussi peu transparent quant aux financements de ses recherches .
M. Charlebois est un des auteurs des rapports sur la confiance du public du Centre canadien pour l’intégrité des aliments (CCIA). Le Centre canadien pour l’intégrité des aliments (CCIA) est une « ONG » dont l'objectif principal est de diffuser les mythes de l'industrie agrochimique et de gagner la confiance des citoyen.ne.s nord-américains. Parmi leurs membres, on y retrouve les plus grandes compagnies de l’agrochimie, comme Bayer, Corteva et Syngenta.
> Pour plus d’informations
M. Charlebois a aussi collaboré avec le Genetic Literacy Project entre 2016 et 2022 , qui est un groupe de façade influent associé à Bayer et à d'autres entreprises chimiques pour promouvoir les aliments OGM et les pesticides (et plaidant en faveur de leur déréglementation).
> Pour plus d’informations
M. Charlebois collabore depuis de nombreuses années avec M. Smyth que ce soit dans les médias (lien 1 et lien 2) ou pour la publication d’études (lien 1 et lien 2).
SES CONTROVERSES
— Nier « l’existence » des Monsanto Papers
Les Monsanto Papers sont des dizaines de milliers de pages de documents internes que le géant de l’agrochimie, Monsanto, a été contraint de rendre publiques à la suite de procédures judiciaires engagées aux États-Unis. Ces documents ont permis de mettre au grand jour les stratégies malhonnêtes de la compagnie pour nier la toxicité de ses produits.
L’une des tactiques consiste à engager des chercheur.euse.s pour relayer leurs discours.
Dans l’émission Faut pas croire tout ce qu'on dit de Radio-Canada, il déclare : « Les Monsanto Papers ont été produits par un groupe de lobby, il n’y a eu aucune vérification des entreprises. »
— À la défense du glyphosate
En juillet 2021, on apprenait que le gouvernement souhaitait augmenter les limites maximales de résidus (LMR) de glyphosate permises sur de nombreux aliments. Peu après, les médias révélaient que cette augmentation était présentée à la demande de Bayer, le principal fabricant de pesticides à base de glyphosate.
Au cœur de cette polémique était publiée dans La Presse, une lettre d’opinion de Sylvain Charlebois, intitulée « La science et le buffet ». À contre-courant des réactions des médecins, des chercheur.euse.s, des ONG, de l’Ordre des agronomes, de l’Ordre des chimistes, de l’UPA (et plus encore), M. Charlebois se porte alors à la défense de la décision de Santé Canada d’augmenter la limite de résidus de glyphosate permise sur les aliments de consommation courante.
Il y dénonce « les universitaires et les groupes d’intérêt » qui, selon lui, utilisent la science comme un buffet en y sélectionnant uniquement les études qui justifient leurs positions. Il souhaitait rétablir la « vérité » sur la toxicité du glyphosate.
Le lendemain, La Presse ajoutait une précision importante au bas de cette lettre : « Une version de ce texte a été publiée le 5 août dans le Regina Leader-Post et était co-signée par le professeur Stuart Smyth, de l’Université de la Saskatchewan, dont la chaire de recherche est financée en partie par Bayer Crop Science, un fabricant d’herbicides à base de glyphosate ».
— Promotion des « nouveaux » OGM
En plein durant les controverses sur les changements d’orientation réglementaire sur les « nouveaux » OGM (via l’édition du génome) — orientation coordonnée par la « Tiger team » formée par Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et l’industrie des OGM, M. Charlebois fait la promotion de ces derniers dans ses articles.
> Pour plus d'informations
« L’édition génomique aura une incidence sur l’agriculture et rendra nos fermes plus efficaces, sans aucun doute. Mais les consommateur.rice.s en bénéficieront sans le savoir.’’ — Sylvain Charlevois
Aussi, dans son éditorial « Sauver la planète une bouchée à la fois » du 7 avril 2022, le professeur Sylvain Charlebois affirme que le nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations Unies « vaut la peine d'être lu », bien qu’il semble qu'il ne l'ait pas lu lui-même.
En effet, M. Charlebois affirme que « le rapport considère que le commerce mondial et le génie génétique font partie de la solution ». Si M. Charlebois réfère au rapport du GIEC sorti en février 2022, le rapport dit le contraire que ce qu’affirme M. Charlebois dans son article: « Les améliorations génétiques pour l'adaptation au changement climatique à l'aide de la biotechnologie moderne ne se sont pas traduites de manière fiable sur le terrain, mais des progrès notables ont été réalisés par la sélection conventionnelle ». et « Si la biotechnologie peut être utilisée comme stratégie d'adaptation, il est peu probable que les cultures génétiquement modifiées (GM) puissent améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des petits exploitants ».