Mobilisation dans tout le Québec
Marche et veilles funéraires contre les lobbys de l'agrochimie
Des centaines de personnes à travers le Québec dénoncent l’influence des lobbies des OGM et pesticides
Sherbooke, le 26 mai 2023 – Dans le cadre d’une journée de mobilisation, des centaines de personnes se sont rassemblées lors d’une marche et veilles funéraires dans 6 villes à travers la province, pour dénoncer l’influence des lobbies de l’agrochimie (OGM et pesticides) sur notre système agroalimentaire. Ces événements se sont déroulés devant les bureaux de ministres et députés fédéraux, en réaction à la récente décision de laisser l’industrie s’autoréglementer dans le dossier des nouveaux OGM créé via l’édition du génome1. Une lettre rédigée par la coop Agrobio, qui regroupe la majorité des producteurs et de productrices de grains en régie biologique à travers le Québec, témoignant de leurs préoccupations a été remise aux député.e.s.
« En revenant sur sa promesse de transparence2 et mettant fin à une évaluation obligatoire pour certains nouveaux OGM, le gouvernement permet à Croplife, principal lobby des OGM et pesticides de ‘’sacrifier’’ symboliquement : le choix, la transparence , la science et la démocratie. Ce sont 4 piliers fondamentaux dans notre société, d’où le concept funéraire de cette journée d’action » déclare Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM. « Cependant, consommateur.trice.s et agriculteur.trice.s continueront de se battre pour que l’agriculture et l’alimentation de demain soutiennent la collectivité, la biodiversité et la résilience climatique. »
Rappelons que si ces orientations vont de l’avant, il sera impossible de garantir de faire des choix sans OGM, que ce soit pour les agriculteur.ice.s ou les consommateur.ice.s, puisque le gouvernement va se fier sur l’industrie des biotechnologies pour lui dire quels OGM sont sur le marché. Cela met particulièrement en péril l’intégrité de l’agriculture biologique, comme dénoncé par de nombreux acteur.trice.s du milieu.3
OGM = pesticides
Après plus de 25 ans d’expérience avec les cultures génétiquement modifié (GM) au Canada, on sait que 100% de toutes les cultures GM sont faites pour tolérer un ou plusieurs herbicides. Cela augmente à moyen et long terme l'utilisation des pesticides, et particulièrement ceux à base de glyphosate. Globalement, les ventes d'herbicides agricoles au Canada ont augmenté de 234 % entre 1994 et 2020 incluant ceux à base de glyphosate dont l’utilisation a triplé entre 2005 et 2011.4
« Que ce soit avec les anciens ou les nouveaux OGM, les multinationales des semences et des pesticides vont toujours essayer de vendre le maximum de leurs produits au détriment de notre santé et celle de nos écosystèmes » déplore M. Rehn.
Les compagnies - Bayer, Corteva et Syngenta-Chemchina, toutes trois présentes sur le conseil de CropLife Canada - contrôlent plus de 70% du marché mondial des pesticides et représentent 61% des ventes de semences (incluant les OGM).5
Croplife ne doit pas diriger notre système agroalimentaire
Malgré les multiples scandales qui montrent l’influence disproportionné de Croplife sur le changement réglementaire des nouveaux OGM6 et 7, le gouvernement a décidé de répondre favorablement à la demande de l’industrie de l’agrochimie, estimant qu’il avait soumis assez de ‘’garanties’’ pour leur faire confiance et ce, même après les révélations troublantes des ‘’Monsanto papers’’.8
« Le phénomène des portes tournantes est très présent à Santé Canada et à l'Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Cette décision n’est pas étrangère au fait que le président et un des vice-président de Croplife très actif dans ce dossier ont tous deux travaillé de nombreuses années dans ces agences » dénonce M. Rehn.
En effet, Pierre Petelle, président et chef de la direction de Croplife Canada, a travaillé 5 ans pour Santé Canada dans le département de l’évaluation des pesticides.9 Ian Affleck, vice-président du département de biotechnologie végétale de CropLife Canada, a travaillé 10 ans pour l’ACIA10 sur les politiques en lien avec les semences et les biotechnologies.
D’autres solutions existent
Les citoyen.ne.s et de nombreux agriculteur.trice.s souhaitent davantage de productions biologiques et de proximité. Cependant, nos gouvernements continuent de faciliter l'expansion de l’agriculture industrielle et de l'élevage industriel, qui sont désormais considérés comme les principaux facteurs des deux crises majeures actuelles: celles climatique et de la biodiversité. Un changement de cap est non seulement souhaitable: il est nécessaire et urgent.
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Pour plus d’informations :
Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM, contact@vigilanceogm.org, 514-582-1674
Références :
- Nouveaux OGM : faites confiance à la transparence de l’industrie, dit Ottawa, 3 mai 2023, Radio Canada (lien)
- Ottawa recule sur la « transparence volontaire » des nouveaux OGM 21 septembre 2022, Radio Canada (lien)
- Agriculteurs et des organismes sont consternés par la décision de la ministre Bibeau d’approuver le concept de transparence volontaire des OGM, 3 mai 2023, (lien)
- Genetically Modified Crops and Herbicides, CBAN briefing, march 2023 (lien)
- Too big too feed, International Panel of Experts on Sustainable Food Systems, 2017 (lien)
- OGM : Ottawa présente sa réforme en utilisant les fichiers d’un lobby agrochimique 19 septembre 2022, Radio Canada (lien)
- Ottawa s’associe au lobby agrochimique en pleine réforme controversée, 3 mai 2023 Radio Canada (lien)
- Les “Monsanto papers” ont permis de révéler les pratiques extrêmes de Monsanto, Le Monde, 2017 (lien)
- Pierre Petelle, President and CEO at CropLife Canada, Linkedin (lien)
- Ian Affleck ,Vice-President, Plant Biotechnology at CropLife Canada, Linkedin (lien)