''Étiquetage OGM'' ridicule
De qui se moque-t-on ?
Le département américain de l’agriculture (USDA) vient de proposer les lignes directrices de ‘’l’étiquetage ‘’ des OGM aux États-Unis qui devraient être finalisés le 29 juillet 2018. L’USDA propose des logos joyeux, ensoleillé ou souriant pour annoncer la présence d’OGM aux consommateurs ! On pourrait croire à une mauvaise blague, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Quel mépris à l’intelligence de la part des institutions américaines à l’ensemble des citoyens et citoyennes. Au-delà de ces logos absurdes, les compagnies auront de nombreuses opportunités de continuer à dissimuler l’information aux consommateurs. Vigilance OGM fait le point :
Histoire :
Le 1 juillet 2016, on assistait à une grande première en Amérique du Nord, le Vermont devenait le premier état en Amérique du Nord à se doter d’un étiquetage obligatoire des OGM. Ce fut une grande victoire pour la grande majorité des consommateurs qui demandent la transparence depuis plus de 20 ans. Vigilance OGM était présent à Montpellier, capitale du Vermont, pour célébrer en compagnie de Bernie Sanders, alors en pleine campagne électorale et M Paradis, alors ministre de l’Agriculture au Québec, qui venait s’inspirer de nos voisins disait-il.
Puis 1 mois plus tard, coup de massue ! Barack Obama passait la loi S-764, aussi appelée « Loi Monsanto », qui permettrait aux compagnies de dissimuler la présence d’aliments génétiquement modifiés (GM) dans leurs produits en les « étiquetant » avec un code QR, un symbole ou même un numéro de téléphone 1-800. Puisque les lois fédérales ont préséance sur les législations d’états, la loi du Vermont devenait obsolète après seulement 1 mois d’entrée en vigueur.
Faux étiquetage qui tourne au ridicule
Voici une liste des différents points qui vont faire de cet ‘’étiquetage’’ une campagne de désinformation permettant ainsi de continuer de dissimuler des produits GM dans l’alimentation. Espérons que le gouvernement Canadien ne s’inspirera pas de ce modèle, taillé sur mesure par l’industrie.
Code QR, c’est quoi cela ? : Les recommandations de l’USDA favorisent une fois de plus l'utilisation de codes QR numériques qui nécessite un téléphone intelligent et une connexion Internet. Pouvez-vous imaginer avoir à scanner tous les produits alimentaires dans le magasin pour savoir s’ils sont produits à partir d’OGM ou non ? Parce qu'ils nécessitent un téléphone intelligent et une connexion haut débit fiable, l'utilisation de codes QR discrimine plus de 100 millions d'Américains - en particulier de nombreuses communautés rurales ainsi que les populations à faibles revenus, minoritaires et âgées - connus pour leur accès disproportionné à ces technologies.
Pouvez-vous imaginer avoir à scanner tous les produits alimentaires dans le magasin pour savoir s’ils sont produits à partir d’OGM ou non ?
Jouer avec les mots : Pour les logos, l’USDA a retenu les lettres «BE» pour bioengineered au lieu des termes largement connus «génétiquement modifiés», «GE» ou «GMO». Il faut tout simplement être/be.
Symbole honteux : Les symboles proposés pour l'option d'étiquetage sur emballage comprennent un visage souriant ou un soleil. Ce symbole devrait plutôt informer les consommateurs, sans les tromper et ne pas devenir un symbole de la propagande pour l'industrie biotechnologique. Sachant que les OGM sont à 88 % fabriqués pour résister à un herbicide et donc en augmente l’utilisation, il n’y a pas de quoi sourire à notre avis.
C’est quoi un produit à base d’OGM ? : L'USDA est également indécis sur la question de savoir si de nombreux aliments transformés préparés avec des produits de base de GM, tels que le maïs, le soja, le canola et le sucre dérivés de betteraves GE, devraient être étiquetés. En effet, beaucoup de produits, tels que les huiles de cuisson, les sodas et les bonbons, sont si raffinés que les tests ADN actuels peuvent ne pas révéler la présence d’aliments GM dans le produit final, bien que l'ingrédient original soit indiscutablement GM. La proposition de l'USDA a une option où ceux-ci sont inclus, mais aussi une option où ils ne sont pas.
On pourrait donc voir de l’huile de canola fait à partir de 100 % de canola GM ne pas être étiquetée !
Exclusion des futurs OGM : Comme si toutes ces lacunes n'étaient pas suffisantes pour dissimuler les OGM, la proposition de l'USDA ne précise pas si les produits alimentaires fabriqués avec de nouvelles formes de génie génétique seront couverts par la loi. Les entreprises expérimentent actuellement de nouvelles formes de génie génétique, comme les techniques d'édition du génome telles que CRISPR.
Quel étiquetage alors ?
Chez Vigilance OGM nous souhaitons préciser ce que devrait inclure l’étiquetage OGM obligatoire au Québec, afin d’informer clairement les consommateur-rice-s pour qu’ils puissent faire le choix le plus éclairé possible : nous avons le droit de savoir !