ÉVALUATION DES PESTICIDES
Échec du programme de transformation à 42 millions de dollars
Mercredi 21 août, Montréal - Il y a 3 ans, le gouvernement déclenchait une tempête médiatique en proposant d’augmenter la limite de résidus de glyphosate permise sur de nombreux aliments et cela à la demande de son principal fabricant, Bayer. Une levée de boucliers sans précédent a obligé le gouvernement à instaurer un gel de ses augmentations et à lancer un « processus de transformation » de l’ARLA (1) visant à « favoriser la transparence, l'utilisation de données scientifiques probantes et indépendantes et les contributions aux processus décisionnels » (2).
Aujourd’hui, la dernière consultation (terminant le 24 août) dresse un constat navrant : le gouvernement ne répond pas aux enjeux qui lui ont été adressés et opacifie même certains procédés.
« C’est un échec à 42 millions de dollars », s’exclame Laure Mabileau, responsable de la campagne Sortir du glyphosate chez Vigilance OGM.
« Si les enjeux de la transparence et de l’influence de l’industrie sur l’agence de réglementation n’ont pas été adressés, on ne pourra pas espérer de changements profonds à l’issue de cette transformation », ajoute-t-elle.
PARCOURS CHAOTIQUE
La suspension des augmentations de limites maximales de résidus (LMR) n’aura duré que deux ans (3). À la reprise, un seul changement : l’identité du demandeur est maintenant rendue publique. En un an de reprise, 27 consultations ont eu lieu, dont 8 pour augmenter des LMR. Pour toutes ces consultations, même procédé : c’est l’industrie qui se retrouve derrière « la demande » (4).
Le gouvernement souhaite « rattraper le retard » pris d’ici la fin de l’année, glyphosate inclus.
UNE HYPOTHÈSE OBSOLÈTE
Ce processus aura été l’occasion de discuter de l’« hypothèse de base » du protocole encadrant l'exposition alimentaire des Canadiens et des Canadiennes aux pesticides selon lequel il existerait des niveaux d’exposition acceptables aux pesticides. Or, la science récente et indépendante démontre que même l’exposition à de petites quantités de pesticides peut entraîner des problèmes de santé (5). À cela, l’ARLA a simplement répondu « que le processus actuel de fixation des LMR protégeait la santé humaine et ne nécessitait pas de modifications ».
« Après 3 ans de révision du système d'évaluation, avec la promesse de le rendre plus transparent et à l'écoute de la science indépendante, les changements proposés par Santé Canada vont le rendre plus opaque et majoritairement basé sur les données de l'industrie — c’est à n'y rien comprendre ! », s'indigne Mme Mabileau.
Rappelons que le président du Comité consultatif scientifique sur les produits antiparasitaires (issu du même processus de transformation), Bruce Lanphear, avait bruyamment claqué la porte de Santé Canada (6)(7) en y dénonçant un système d'évaluation des pesticides obsolète qui donne un faux sentiment de sécurité générale.
M.Lanphear y posait même une question inquiétante : « Et si les hypothèses concernant les limites maximales de résidus ne parvenaient pas à protéger les Canadien.ne.s » ?
Vigilance OGM participe à cette consultation avec d’autres organismes environnementaux et invite la population à faire de même.