Monsanto-Bayer : Conséquences alarmantes pour les agriculteurs au Québec

Monsanto-Bayer

Conséquences alarmantes pour les agriculteurs au Québec

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Monsanto-Bayer : Conséquences alarmantes pour les agriculteurs au Québec

Bayer, un géant de l’industrie chimique et fabricant de pesticides, est sur le point d’acquérir Monsanto, leader des semences OGM. Les Etats-Unis, à la suite de l’Union Européenne, seraient sur le point de donner le feu vert pour cette acquisition, mais cette fusion doit encore être acceptée par le Canada. La nouvelle entité contrôlera environ 31 % du marché des semences commerciales et 26 % de celui des pesticides agricoles. Comme le Canada et d’autres pays doivent approuver au préalable la fusion entre Monsanto et Bayer, il est important d’agir en signant cette pétition.

Cette nouvelle fusion arrive dans un contexte de consolidation intense avec la fusion des sociétés Dow et Dupont d’une part, et l’entreprise étatique chinoise ChemChina et Syngenta d’une autre. Si les organismes de réglementation gouvernementale autorisent la fusion de Bayer et Monsanto, ces trois grandes sociétés nouvellement formées contrôleront plus de 65 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales.

Ces fusions inquiètent aussi l’UPA qui avait fortement réagi lors de l’annonce de Bayer : « un nombre limité de fournisseurs entraîneront une pression à la hausse sur le prix de ces intrants, qui sera ultimement refilée aux consommateurs », écrivait Marcel Groleau.
Le manque de concurrence dans le domaine des semences entraîne deux conséquences évidentes: d’une part l’augmentation des prix des semences et intrants pour les agriculteurs et d’autre part la perte de liberté du choix des semences à planter.

Augmentation du prix des semences

La hausse des prix est particulièrement visible en matière de semences génétiquement modifiées (GM) où une poignée de compagnie domine le marché. Au Québec, le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), compile le prix des semences accessibles aux agriculteurs. Après analyse, des rapports du CRAAQ (1), on apprend que pour le maïs, la principale culture génétiquement modifiée (GM) de la province, le prix des semences de maïs GM était environ 46 % plus chère en 2016 que les semences de maïs conventionnel. En 2017, pour un sac de 80 kg, les semences de maïs GM se vendaient 292$, comparé à 199$ pour les semences conventionnelles. De manière globale, de 2011 à 2017, on constate que le prix des semences maïs GM a augmenté de 16,5 % tandis que celui des semences conventionnelles a diminué de 1,5 %.

Dans le cas du soya, l’autre grande culture génétiquement modifiée (GM) de la province, le prix des semences GM était environ 50 % plus chère en 2016 et 2017 que les semences de soya conventionnel soit 75$ comparé à 50$ pour un sac de 25 kg. De plus, entre 2011 et 2017 le prix des semences soya GM a augmenté de 23,5 % tandis que celui des semences conventionnelles a augmenté de 20,6%.

chiffres 2017

Moins de choix

Dans un article du supplément « Grains » du journal la Terre de chez nous paru en mars 2018 (2) étaient publiées les données d’une étude réalisée par le Centre de recherche sur les grains (CÉROM). Cette étude éclaire le manque de disponibilité des semences non GM pour les agriculteurs dans les trois grandes cultures GM que sont le maïs grain, le soya et le canola. Sous forme de graphique, on y présente la disponibilité des semences GM, non GM et biologiques pour ces 3 cultures en 2016 et 2017 au Québec.

Ce qui saute aux yeux est que la très grande majorité des semences disponibles dans ces cultures sont GM allant de 88,5 % dans le maïs-grain à 74,3 % pour le soya. De plus, si un producteur souhaite faire de la régie biologique dans l’une de ces cultures, on lui souhaite bonne chance. En effet, en 2017, sur 488 variétés de semences de maïs grain disponibles pour les producteurs, une seule était biologique, 7 sur 330 variétés dans le soya et aucune sur 68 dans le cas du canola.

La contamination diminue encore le choix

Encore pire, les deux chercheuses ayant réalisé cette étude nous apprennent que si on se réfère au seuil établi par le Non-GMO Project Verified Protocol aux États- Unis qui « tolère 0,25 % de contamination pour certifier les semences sans-GM, le choix est encore plus restreint ». Pour rappel, il n’existe pas de normes canadiennes officielles pour la teneur en OGM dans les semences certifiées conventionnelles ou biologiques, c’est pour cela que cette étude s’est référée au Non-GMO Project Verified Protocol. Les résultats des analyses sont très préoccupantes. En effet, pour le maïs-grain, les échantillons de semences démontre que 49% des semences en 2016 et 62,1% en 2017 dépassent le seuil de contamination! Quant aux analyses des échantillons de maïs-grain prélevés aux champs, c’est encore pire. En effet c’est 76,2% des échantillons en 2016 et 57,7% en 2017 qui dépassent le seuil de contamination de 0,25%.

En conclusion, il est de plus en plus difficile de pouvoir choisir de faire de l’agriculture non-GM dans ces 3 grandes cultures au Québec alors qu’il est de plus en plus coûteux d’utiliser les semences GM. On peut également ajouter à cela le fait que les agriculteurs utilisent de plus en plus de pesticides sur leurs cultures GM face aux résistances de “mauvaises herbes” de plus en plus nombreuses. Tous ces facteurs combinés entraînent une augmentation des coûts d’exploitation, les agriculteurs sont donc piégés par les compagnies et sont face à un manque d’autonomie flagrant, bref ils t sont de moins en moins «maîtres» sur leurs exploitations.

(1) Les données consultées sont accessibles auprès du CRAAQ.
(2) Mars 2018, Abdi D. & Bipfubusa M.