Nouvelle stratégie sur les pesticides : vouée à l’échec ?

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Nouvelle stratégie sur les pesticides : vouée à l’échec ?

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david heurtel mains sur la table

Montréal, le 19 juillet  2017. – Vigilance OGM réagit avec pessimisme à la publication dans la Gazette officielle du Québec d’un projet de modification réglementaire sur les pesticides , par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatique (MDDELCC). Cette proposition, qui découle de la stratégie sur les pesticides 2015-2018 dont l’objectif numéro un est de protéger la santé des populations propose principalement d’interdire l’application de l’atrazine, du chlorpyrifos et de trois néonicotinoïdes sauf si leur usage est justifié au préalable par un agronome.

« En ne fixant aucun objectif de réduction ou de restriction des herbicides à base de glyphosate, qui représente 44,2 % des ventes totale de pesticides, le ministère de l’Environnement démontre son manque réel de volonté » déclare Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM. « C’est comme vouloir diminuer les gaz à effets de serre en excluant le domaine des transports, cela semble voué à l’échec ! »

D’après le dernier rapport des ventes de pesticides [1], le glyphosate est classé comme l’agent actif étant le 4ème plus dommageable pour la santé au Québec. Qui plus est, ce classement ne prends pas en compte la décision du centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la question du cancer,  de classer en 2015 le glyphosate comme cancérigène probable chez l’humain.

Les pesticides à base de glyphosate sont les plus vendus au Québec et dans le monde, leurs ventes ont augmenté de 5,45 fois au Québec de 1992 à 2014.[1] Le glyphosate est aussi présent dans 88 % des échantillons prélevés dans nos rivières par le MDDELCC.[2] Ces pesticides sont majoritairement utilisés sur les cultures génétiquement modifiés (GM). L’année 2017 représente un record dans les surfaces ensemencées de cultures GM au Québec, ce qui va encore augmenter la dissémination de ce type de pesticides dans notre environnement.[3]

« Ce qui est le plus inquiétant c’est que le gouvernement semble davantage se préoccuper de la santé de l’industrie chimique que de la santé des citoyens du Québec » s’inquiète Thibault Rehn. « Cette stratégie confirme les propos du rapporteur spécial au droit à l’alimentation de l’ONU qui dénonce l’influence des industriels sur les politiques gouvernementales. »

En effet, le rapporteur spécial au droit à l’alimentation de l’ONU [4] concluait en janvier 2017 que les pesticides posent un risque inacceptable pour les populations compte tenu des alternatives existantes ayant moins d’impacts sur la santé et l’environnement.  Il y dénonçait aussi le recours à des stratégies de marketing « non éthiques et agressives » de la part de multinationales, qui menaient aussi des campagnes de lobbying auprès des gouvernements visant à  « bloquer » des politiques sur l’utilisation des pesticides.

« Les réelles solutions sont connues, le Québec doit entre autre investir davantage dans  la  recherche et la mise en œuvre d’alternatives aux pesticides comme l’agriculture biologique, tout en appuyant économiquement et techniquement  les agriculteurs dans leur transition. » conclut M Rehn.

 

[1] MDDELCC. (2016a). Bilan des ventes de pesticides 2015. Milieu agricole. Québec : Gouvernement du Québec.
[2].  GIROUX, I. (2015). Présence de pesticides dans l’eau au Québec : Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya – 2011 à 2014, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction du suivi de l’état de l’environnement, ISBN . 978-2-550-73603-5, 47 p. + 5 ann.
[3] Statistique Canada. Table 001-0072 – Estimations de la superficie, du rendement, de la production de maïs-grain et de soya, en utilisant des semences génétiquement modifiées, Québec et Ontario, en unités métriques et impériales, CANSIM (database).
[4]  Rapport de la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation , 24 janvier 2017, Conseil des droits de l’homme , A/HRC/34/48