PRESCRIPTION AGRONOMIQUE
Obligation étendue aux remplaçants des néonicotinoïdes
Montréal, le mercredi 1er mars 2023 - La semaine dernière, on a pu lire dans la Gazette officielle du Québec (1), que « pour assurer une meilleure protection de la vie aquatique et des abeilles, les semences enrobées d’insecticides de la famille des diamides seraient visées par la justification et la prescription agronomiques déjà applicables pour les semences enrobées de néonicotinoïdes ».
En 2019, le gouvernement du Québec a instauré une prescription obligatoire pour l’enrobage de semences à trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes, ce qui a eu pour effet immédiat une diminution de leur utilisation.
Malheureusement, les enrobages de semences ont depuis été remplacés par des insecticides de la famille des diamides, dont les impacts sur la faune aquatique sont encore plus importants que les néonicotinoïdes.
« C’est une excellente nouvelle particulièrement pour la biodiversité dans nos campagnes » se réjouit Laure Mabileau, responsable de la campagne Sortir du glyphosate à Vigilance OGM. « Souvent, l’industrie arrive avec de nouveaux produits à mettre sur le marché pour remplacer la molécule qui vient d’être réglementée. La proposition du gouvernement semble anticiper ces reports, c’est excellent. On espère sincèrement que nous conserverons cet acquis d’ici la fin des consultations. ».
La recherche scientifique (2) à l’origine de l’affaire « Louis Robert » (3) conclut que l’enrobage préventif de semences aux insecticides — quelque soit la famille — est inutile dans plus de 95 % des champs de maïs et de soya du Québec.
En 2021, plusieurs vendeurs de pesticides estimaient que 80 % des semences de maïs vendues étaient encore enrobées par des insecticides malgré les preuves scientifiques de leurs inutilités ; et ce au détriment des coûts importants pour les agriculteur.rice.s et l’environnement (4).
« Cette proposition est un grand pas en avant, et est la preuve que des données exactes, recueillies sur de nombreuses années, peuvent (et doivent) nous permettre d'arriver à une meilleure législation » explique Julie Fontaine, anciennement apicultrice à la ferme Au pied-de-loup et anciennement deuxième vice-présidente du syndicat Les apiculteurs et les apicultrices du Québec.
Dans le nord-est de l’Italie, des producteurs de maïs se sont regroupés pour mettre en place un projet révolutionnaire : « l’assurance récolte » (5). Cela consiste en un fond commun auquel « contribue chaque agriculteur [et qui] permet de compenser les éventuelles pertes de rendement causées par la réduction des pesticides », comme le traitement des semences. La contribution des agriculteurs est jusqu’à 10 fois moins coûteuse que l’achat de pesticides tout en diminuant les coûts pour la santé publique et l’environnement pour l’ensemble des communautés.
« Les agriculteurs et les agricultrices de grandes cultures sont les premières victimes d’un système agricole dominé par des multinationales de l’agrochimie, autant d’un point de vue de leur santé physique que de la santé financière de leurs exploitations », dénonce Mme Mabileau.