Règlementation et transparence
Aucune loi ou règlementation particulière n’a été créée au moment d’introduire les OGM. Au contraire, les responsabilités ont été divisées entre diverses réglementations et divers ministères. Les OGM sont réglementés en vertu de deux catégories: les nouveaux aliments et les végétaux à caractères nouveaux, qui englobent des produits issus d’autres technologies telles que l’hybridation classique.
En 1999, des ministères ont demandé à la Société royale du Canada de mettre sur pied un Groupe d’experts sur l’avenir de la biotechnologie alimentaire, pour évaluer si la réglementation canadienne pouvait traiter adéquatement des OGM. En 2001, le groupe a fait paraître un rapport qui critiquait le système réglementaire en vigueur, et émis 53 recommandations en vue d’une réforme importante. À ce jour, seulement deux de ces recommandations, qui plus est d’importance mineure, ont été appliquées.
«Le Groupe d’experts conclut donc que le manque de transparence du processus d’approbation existant, et par le fait même l’impossibilité d’évaluer la rigueur scientifique du processus d’évaluation, compromet la confiance manifestée par la société à l’égard du cadre de réglementation existant utilisé pour évaluer les risques potentiels posés par les OGM sur la protection des humains, des animaux et de l’environnement.»
Que ce soit dans le dossier des pesticides ou celui des OGM, les différents paliers gouvernementaux font preuve d’un manque de transparence flagrant à l’égard de leurs citoyens:
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Les appareils réglementaires se fient aux études scientifiques des entreprises.
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L’information et les données qui servent à l’approbation des produits GM sont confidentielles; le public et les scientifiques indépendants n’y ont pas accès.
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Il n’y a pas de participation du public, ni consultation des agriculteurs ou des consommateurs.
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Le processus d’évaluation des risques des OGM n’est pas clair.
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Le public n’est pas automatiquement avisé qu’un produit GM est à l’étude.
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Le public n’a pas de liste claire des cultures et aliments GM approuvés.
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Il n’y a pas de liste des cultures et aliments GM sur le marché.
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Il n’y a pas d’étiquetage obligatoire des aliments GM.
Plus que le manque de transparence, les produits OGM sont invisibles non seulement en termes d’étiquetage mais aussi en terme d’informations au public. Au Canada, on vient classifier les OGM comme variétés à caractères nouveaux (VCN) (1). Cependant, cette catégorie regroupe autant des variétés issues des techniques traditionnelles d’amélioration, des variétés agricoles comme l’hybridation que des variétés obtenues par le génie génétique ce qui augmente la confusion.
Le principe d’équivalence en substance est une pierre angulaire de la réglementation au Canada. “Si un aliment ou un composé alimentaire est essentiellement semblable à un aliment ou à un composé alimentaire existant, il peut être traité de la même manière en ce qui concerne la sécurité”. Ce principe pseudo scientifique vient dire, en résumé, qu’une plante GM est égale à une plante non GM et que des tests spécifiques pour analyser la dangerosité potentielle des OGM ne sont donc pas nécessaires. Au-delà du fait que ce postulat est non scientifique, des études réalisées sur du soya non-GM et du soya GM arrosé de Roundup comme c’est le cas dans la pratique, montrent des différences significatives, entre autres, à cause des propriétés de chélateur du glyphosate. (2)
Qui se charge de réglementer les OGM au Canada?
L’ Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a pour missions d’évaluer des risques environnementaux reliés aux végétaux GM; d’évaluer l’innocuité des végétaux GM destinés aux aliments pour animaux; de s’assurer de la sûreté des essais en champ impliquant des OGM.
Santé Canada est en charge de l’évaluation de l’innocuité des aliments GM destinés à la consommation humaine.
Environnement Canada doit gérer l’évaluation des risques environnementaux reliés aux animaux GM (incluant les poissons).
(1) Agence Canadienne d’inspection des aliments (ACIA). (en ligne)
(2) Thomas.Bøhn et al , Compositional differences in soybeans on the market: Glyphosate accumulates in Roundup Ready GM soybeans, Food Chemistry Volume 153, 15 June 2014, Pages 207-215. (en ligne)