Pesticides et OGM
Le Canada accepte les OGM 2,4‐D
Des groupes dénoncent l’autorisation de cultures génétiquement modifiées pour résister au 2,4‐D : les cultures GM augmentent l’utilisation des pesticides
Québec, 19 novembre 2012 — Aujourd’hui, des organisations de la société civile de tout le pays dénoncent l’autorisation des premières cultures génétiquement modifiées (GM) résistantes au 2,4‐D au Canada. Vigilance OGM, le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies, Nature Québec, Équiterre, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et Prévenons le cancer ont uni leurs voix, craignant que l’autorisation de cultures résistantes au 2,4‐D vienne accroitre la présence de pesticides dans l’environnement et dans le système alimentaire.
En dépit de préoccupations relatives à la santé et à l’environnement, Santé Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments viennent d’approuver des cultivars de maïs et de soya GM résistants au 2,4‐D mis au point par Dow Agro Sciences. Une autre variété de soya tolérant à plusieurs herbicides, dont le 2,4-‐D, devrait être également approuvée sous peu. Or, une étude récente provenant de données du gouvernement des États-‐Unis montre que l’apparition de mauvaises herbes résistantes aux herbicides a entraîné une augmentation de l’utilisation d’herbicides de 239 millions de kilogrammes entre 1996 et 2011(1). Cette analyse prévoit également que si les États‐Unis approuvent le nouveau maïs GM résistant au 2,4-‐D, l’utilisation du 2,4-‐D sera 30 fois supérieure au niveau d’utilisation de 2010.
« Les recherches épidémiologiques des dernières décennies continuent de démontrer que les formulations de 2,4-‐D augmentent de façon importante les risques de cancer, en particulier le lymphome non hodgkinien», déclare le Dr Meg Sears (Ph.D.) de l’organisme Prevent Cancer Now. La recherche a démontré que le 2,4-‐D agit comme perturbateur endocrinien, et qu’il peut être lié de façon probante à des cancers, à des troubles neurologiques et reproducteurs. Il peut également affecter le système immunitaire(2). La Norvège et la Suède ont interdit le 2,4‐D.
« Le gouvernement fédéral vient d’approuver une culture alimentaire GM qui résiste à un pesticide toxique, malgré le fait que les cultures résistantes au glyphosate ont entraîné une augmentation massive de l’utilisation des pesticides et créé de mauvaises herbes ultras résistantes. Avec les cultures 2,4-‐D, on risque de se retrouver avec le même problème », prédit Dr. Warren Bell, de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.
Les cultures résistantes aux herbicides sont conçues pour tolérer la pulvérisation de certains herbicides chimiques. Les cultures GM résistantes au 2,4-‐D ont été mises au point pour remplacer les cultures GM résistantes au glyphosate, en raison du développement d’une résistance au glyphosate chez plusieurs espèces de mauvaises herbes(3). Plus tôt cette année, la revue Weed Science faisait état de la découverte d’une espèce d’amarante (Amaranthus rudis L.) résistante au 2,4-‐D aux États-‐Unis.
« Les cultures résistantes au 2,4-‐D sont un échec de l’industrie des biotechnologies. Les cultures GM résistantes aux herbicides sont un fiasco parce que les mauvaises herbes développent une résistance », dénonce Lucy Sharratt, du Réseau canadien d’action sur les biotechnologies. « Au mieux, les cultures 2,4‐D sont une solution temporaire pour les agriculteurs qui se retrouvent pris dans une spirale chimique qui ne peut que s’aggraver. ».
Plus près de nous, « Selon le Portrait de la qualité des eaux de surface 1999-‐2008 du ministère de l’Environnement du Québec, la présence de glyphosate dans les cours d’eau est en augmentation dans les bassins versants à forte concentration de cultures de maïs et soya génétiquement modifiés », déclare Christine Gingras, agronome de Nature Québec et présidente de Vigilance OGM. « L’arrivée de variétés résistantes au 2,4-‐D risque de causer le même phénomène, en plus d’accroître la présence d’un cocktail de produits dans nos cours d’eau, dont les effets combinés et synergiques sont très peu connus à l’heure actuelle », rajoute Christine Gingras.
« Le Québec, l’Ontario et la Nouvelle‐Écosse ont banni la vente et l’usage du 2,4-‐D à des fins esthétiques, en raison des risques que ce produit présente pour la santé, particulièrement celle des enfants, et pour l’environnement », affirme Nadine Bachand d’Équiterre. « Le fédéral doit limiter l’exposition des citoyens aux pesticides qui sont soupçonnés être à l’origine de troubles du système reproducteur ou de cancers, plutôt que d’en permettre un usage accru », renchérit‐elle.
Notes :