C’est une longue saga que cette proposition d’augmentation de la limite maximale de résidus (LMR) de pesticides proposée par Santé Canada.
Le feuilleton dure depuis 2021, date à laquelle le gouvernement avait lancé une consultation sur cette proposition douteuse et à contre-courant de ce qui se fait partout ailleurs. La reprise de la nouvelle dans les médias a généré un véritable tollé.
La population est très claire : elle ne veut pas davantage de pesticides dans son assiette.
Le scandale ne s’arrête pas là. Quelques jours plus tard, nous avons découvert que ces propositions étaient faites à la demande même des vendeurs de pesticides!
Les compagnies demandent, Santé Canada s'exécute.
L'emballement médiatique est tel que la ministre de l’Agriculture, Mme Bibeau, n’est pas capable de calmer le jeu : elle reporte la décision après les élections fédérales et annonce un processus de transformation de 42 millions de dollars visant à « favoriser la transparence, l'utilisation de données scientifiques probantes et indépendantes et les contributions aux processus décisionnels » (1). Celui-ci impliquera la mise sur pied d'un comité consultatif composé de scientifiques indépendants destiné à le conseiller.
Le printemps suivant, en 2022, Santé Canada annonce une première grande consultation dans le but d’améliorer la transparence sur les processus d’homologation des pesticides : il y a beaucoup de travail à faire.
Pourtant, la même année, Vigilance OGM reçoit 229 pages blanches en réponse à sa demande d’accès à l’information, concernant les études qui avaient convaincu Santé Canada de vouloir autoriser plus de traces de pesticides dans les aliments.
La volonté de transparence revendiquée par Santé Canada est (déjà) mise à rude épreuve.
Après deux ans de moratoire, le gouvernement reprend ses consultations visant à augmenter des limites maximales de résidus de pesticides — bien que ce soit les fabricants de pesticides qui les demandent.
Le dossier du glyphosate reste pour le moment sur pause.
Pour nous aider à mobiliser le plus grand nombre de personnes quand cette annonce sera faite, nous vous invitons à signer et faire signer notre manifeste Sortir du glyphosate.
Trois ans après les annonces de transformation du système d’évaluation des pesticides, en 2024, le bilan de Santé Canada — et plus spécifiquement de son Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), est malheureusement très mauvais.
Bien que les inquiétudes à l'égard du système d'évaluation étaient déjà grandes, de nombreuses autres se sont accumulées au cours du processus de transformation et notamment au travers de la démission du renommé co-président du Comité consultatif scientifique, M. Bruce Lanphear dans une très sombre lettre.
« Je crains que le Comité consultatif scientifique ne donne un faux sentiment de sécurité en donnant l'impression que l'ARLA protège les Canadiens contre les pesticides toxiques » - Bruce Lanphear
Bruce Lanphear dénonce l’influence des lobbys des pesticides en critiquant leur présence dans un autre comité chargé de conseiller Santé Canada sur ses politiques et règlements relatifs aux pesticides.
« …nous ne pouvons plus continuer à nous fier à un système réglementaire obsolète qui protège l'industrie des pesticides plus qu'il ne protège les Canadiens. » - Bruce Lanphear