Impacts sur l'agriculture
Après plus de 25 ans de cultures génétiquement modifiées et malgré toutes les promesses de l’industrie sur les avantages des OGM pour les agriculteur·rice·s, les faits démontrent que ces cultures GM contribuent davantage à soutenir quelques multinationales agro-industrielles que les producteur·rice·s. Force est de constater que l’on ne modifie pas les plantes dans le but d’augmenter les rendements ou les profits pour ces dernier·ère·s. En effet, 88 % des OGM sont créés pour tolérer un herbicide augmentant ainsi l’utilisation des pesticides et donc les profits des entreprises qui les vendent. Surprenamment, ce sont les mêmes qui vendent des semences OGM (1).
Les agriculteur·rice·s ne sont pas plus consultés que les consommateur·rice·s lors de l’approbation de nouveaux OGM par le gouvernement fédéral. Ainsi, l’approbation de nouveaux OGM ne répond pas aux besoins des uns et des autres, en plus d'entrainer des pertes économiques importantes pour celles et ceux qui cultivent notre nourriture. Récemment, l’homologation par le gouvernement fédéral de la pomme GM et de la luzerne GM, alors que les fédérations des pomiculteurs du Québec (2) et l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) (3) s'y sont vigoureusement opposées, démontre bien que cette technologie vise uniquement à satisfaire les gains de quelques grandes entreprises.
(1) James, C. (2016). Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2016. ISAAA brief No. 52. International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA): Ithaca, NY. (en ligne)
(2) Lévesque, L.. La Presse Canadienne. OGM : les producteurs de pommes inquiets. Le Devoir, 21 février 2015. (en ligne)
(3) Cas probable de contamination à la luzerne GM : l’UPA fortement préoccupée. Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), 24 mars 2016. (en ligne)
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Choix et indépendance
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Rendement
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Augmentation des coûts
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Developpement rural
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Contamination et perte économique
Choix et indépendance
Une différence clé entre les semences GM et les semences non GM, c’est que l’on ne peut pas obtenir de brevet pour les séquences génétiques insérées dans des semences GM. Ces brevets empêchent les agriculteurs de réutiliser les semences ou de les partager. À l’échelle mondiale, ces brevets appartiennent à une poignée de semencières et de grandes sociétés agrochimiques. Les agriculteurs qui utilisent des semences GM les achètent chaque année à des entreprises qui leur font signer des contrats prévoyant une série d’interdictions et d’obligations. La vente des cultures GM et les redevances sur les brevets de caractéristiques GM enrichissent les entreprises, qui n’ont pour leur part à peu près aucune obligation légale envers les agriculteurs qui achètent leurs semences, ou ceux dont les cultures sont contaminées par les séquences génétiques brevetées. (lien politique 7)
On entend souvent que les agriculteurs partout dans le monde adoptent les cultures GM parce qu’ils ont choisi d’acheter des semences GM et que les cultures GM leur offrent plus de choix. Mais la concentration du marché des semences signifie que l’introduction de semences GM est souvent suivie du retrait de variétés non GM et de la diminution des options offertes aux agriculteurs. Rappelons que, la génétique des semences modifiées est issue de lignées conventionnelles (Non-GM) que les semencières modifient. Les semenciers peuvent ainsi obtenir un brevet diminuant le nombre de cultivars Non-GM sur le marché des semences mis à disposition de l’agriculteur.
Ainsi, au Canada, 80% des 120 variétés enregistrées de canola étaient non GM en 2000. En 2007, il ne restait plus que cinq variétés de canola non GM sur le marché (1). Puisque l’on retire des variétés non GM petit à petit, et parce que les caractéristiques GM sont insérés dans des cultures classiques déjà dotées des meilleures caractéristiques de rendement, l’achat de semences GM est souvent le seul moyen pour les agriculteurs de se procurer des variétés modernes à rendement élevé. De plus, quand les entreprises déshomologuent des variétés anciennes au Canada, les agriculteurs qui conservaient ces semences et les utilisaient, perdent la capacité de le faire.
Au Québec, il y a très peu de disponibilité de semences non GM dans le soya et le maïs- grain et le canola. En effet, dans ces cultures de maïs-grains 88,5 % des semences disponibles sont GM pour 74,3 % pour le soya au Québec. De plus, si un producteur souhaite faire de la régie biologique dans l’une de ces cultures, cela est encore plus difficile. En effet, en 2017, sur 488 variétés de semences de maïs grain disponibles pour les producteurs, une seule était biologique, 7 sur 330 variétés dans le soya et aucune sur 68 dans le cas du canola. Il faut aussi considérer que il y a aussi une grande proportion des semences non Gm qui peuvent être contaminé ce qui diminue encore le choix des agriculteurs. ( pour plus d'info)
Fusion BAYER - MONSANTO
En mai 2018 , le bureau de la concurrence du Canada analysait les impacts de la fusion de Bayer avec Monsanto sur les agriculteurs dans la culture du canola. Avec cette fusion, c'est 95 % du canola planté au Canada est contrôlé par une seule compagnie. Voici les conclusions du bureau de la concurrence sur l'autonomie des agriculteurs et les coûts associés :
1) la concurrence directe et la concurrence en matière d'innovation entre Bayer et Monsanto dans le secteur de l'approvisionnement en semences de canola seraient pour ainsi dire éliminées. Les effets de cette perte de concurrence se traduiraient probablement par une combinaison de hausse de prix pour les producteurs au niveau des semences de canola et de leurs herbicides compatibles et par une diminution de la portée et de l'ampleur des activités innovantes orientées sur l'élaboration de variétés spécifiques de canola pouvant donner un meilleur rendement et procurer une meilleure résistance à la sécheresse et à la maladie;
2) l'entité fusionnée aurait vraisemblablement de bons motifs d'augmenter sensiblement les taux de redevances aux entreprises concurrentes productrices de semences pour l'utilisation du trait de tolérance Roundup Ready dans le but de faire augmenter les coûts de ses concurrents et de réduire leur vigueur concurrentielle.
(1) National Farmers Union. 2013. Farmers Before Corporate Profit.
Rendement
Les OGM ne sont pas faits pour augmenter les rendements. Après 20 ans, les statistiques le démontrent bien puisqu’en associant les données disponibles de l’Institut de la statistique du Québec, on constate que les rendements ne sont pas supérieurs dans les cas de cultures GM. En comparant les rendements de soya GM et non-GM, on s’aperçoit qu’ils sont similaires alors que le prix des semences non–GM est bien inférieur et le prix de vente bien supérieur. Les bénéfices seraient donc plus importants pour le non-GM. Quand au maïs grain, le rendement des cultures GM est en moyenne supérieur de 6 % depuis 2003. Cette légère augmentation ne vient pas compenser le prix élevé des semences ainsi que le prix de vente plus bas. Rappelons qu’en génie génétique, des gènes sont insérés dans une semence à haut rendement ce qui signifie que le but n’est pas de modifier la plante pour en augmenter le rendement puisqu’il est déjà «naturellement» élevé. (1)
Les frais agricoles, notamment le prix des semences, augmentent de façon constante depuis 20 ans, diminuant ainsi le revenu net des agricultrices et agriculteurs. Si le revenu agricole brut a augmenté au Canada dans les 20 dernières années, le revenu net en espèce (ce qui reste après avoir payé les frais agricoles) n’a pas changé de manière significative (2). Des solutions à la fois viables économiquement pour les agriculteurs, et durables et saines pour l’environnement et la santé, existent.
De plus, en Europe, où il n’y a pas de cultures GM (sauf dans certaines régions de l’Espagne et sur d’infimes superficies au Portugal, en République tchèque, en Roumanie et en Slovaquie, qui totalisent seulement 0, 08 % du total des superficies agricoles GM dans le monde), les courbes de rendement du maïs et du canola ont augmenté au cours des vingt dernières années de façon très similaire à celles des É.-U. et du Canada.
(1) Grandes cultures. Institut de la statistique du Québec. Consulté en avril 2016. (en ligne)
(2) Statistics Canada. Tables 002-0005 - Farm operating expenses and depreciation charges, annual (dollars); 002-0008 - Farm debt outstanding, classified by lender, annual (dollars); 002-0009 - Net farm income, annual (dollars); Table 002-0001 - Farm cash receipts, annual (dollars). CANSIM (database).
Augmentation des coûts
Des rendements plus élevés ne procurent pas forcément des revenus plus élevés à l’agriculteur. Le revenu agricole dépend d’un ensemble de facteurs. C’est pourquoi la hausse des rendements au Canada ne s’est pas accompagnée d’une hausse équivalente du revenu agricole net. Dans le système alimentaire mondial actuel, les prix auxquels l’agriculteur vend ses produits dépendent souvent des cours boursiers des produits. Le prix des entrants, comme les pesticides et les semences, sont des facteurs clés des revenus des agriculteurs.
Les pesticides représentent un coût pour les agriculteurs et cette dépense est proportionnelle à leur utilisation. Sachant que 88 % des OGM commercialisés dans le monde ont pour principale caractéristique la tolérance à un herbicide dit «total», l’utilisation de ces derniers est donc nécessaire. (1) Au Québec, la vente de glyphosate, principal agent de la formule Roundup de Monsanto, a augmenté de 66 % entre 2006 et 2015 (2). On voit maintenant l’apparition de «super mauvaises herbes» qui posent des problèmes de gestion et entraînent des frais supplémentaires pour les agriculteurs. Les coûts de gestion des mauvaises herbes deviennent alors plus élevés lorsque leur contrôle nécessite l’utilisation de plus d’herbicides ou encore de combinaison d’herbicides.
C’est à la fois une perte de temps et d’argent pour les agriculteurs qui se retrouvent pris dans un cercle vicieux. En effet, ces «super mauvaises herbes» font aussi concurrence aux cultures et peuvent ainsi réduire les rendements en plus d’augmenter les coûts de la récolte. Celles qui résistent à plusieurs herbicides, ou qui se sont trop développées, peuvent être difficiles à contrôler même avec l’utilisation de mélanges d’herbicides – il faut parfois embaucher de la main d’œuvre afin de réaliser un désherbage à la main, augmentant encore les coûts. Certaines mauvaises herbes vont même jusqu’à endommagé la machinerie. (3)
Bien que prévisible, les compagnies de biotechnologies ont toujours nié la potentielle manifestation de «super mauvaises herbes». Depuis leur apparition, ces mêmes compagnies inculpent la responsabilité aux agricultrices et agriculteurs en affirmant qu’ils ne suivent pas adéquatement les instructions d’utilisation.
Augmentation du prix des semences
Le coût des semences au Canada augmente de façon constante et constitue une part importante des frais agricoles. En 1981, le coût des semences représentait 2,5 % du total des frais (4). En 2014, il atteignait 4,6 % et les prix continuent de grimper.
Le coût des semences GM brevetées a grimpé beaucoup plus vite que celui des semences non GM.
La pratique des agriculteurs de conserver des stocks de semences peut aider à contrôler leurs prix. Si le prix des semences commerciales augmente trop vite ou devient trop élevé, l’agriculteur peut utiliser ses propres semences. Cependant, il ne peut pas garder et ressemer les semences de cultures GM, car les compagnies semencières possèdent des droits exclusifs sur l’utilisation de semences modifiées avec leur séquence génétique brevetée. Cela signifie que l’agriculteur se voit dans l’obligation d’acheter des semences chaque année, augmentant à nouveau ses dépenses, et que les compagnies semencières peuvent hausser, chaque année, le prix de leurs semences.
Au Québec, en regardant la moyenne des prix 2016-2017, on constate que les semences de soya sont 50% plus chères que les Non-GM, et 46% plus chères dans le cas du maïs. Leurs prix augmentent aussi plus vite. En effet, au Québec, de 2011 à 2017 le prix des semences GM de soya a augmenté de 23,5% tandis que celui des autres semences de soya a augmenté de 20,6%. Durant la même période, le prix des semences de maïs GM a augmenté de 16,5% tandis que celui des autres semences de maïs a diminué de 1,5%. (5)
Augmentation des coûts de santé des animaux
Le glyphosate a été pour la première fois breveté comme un chélateur de métaux. Cette fonction agirait à deux niveaux. Dans un premier temps, il prive les plantes de minéraux essentiels en les immobilisant dans le sol, et par conséquences, les animaux qui se nourrissent de ces plantes sont à leur tour déficients en minéraux. Dans un deuxième temps, le glyphosate pénètre les organismes des animaux à travers les résidus que contiennent les cultures OGM. Il séquestre les minéraux et oligoéléments circulant dans l’organisme, ce qui provoque une nouvelle déficience minérale pour les animaux.(6)
Les plantes GM qui possèdent un taux résiduel de glyphosate élevé sont majoritairement destinées à l’alimentation animale. Les agriculteurs vont donc nourrir leurs bétails avec des plantes carencées qui vont entraîner des problématiques de santé. La déficience en manganèse pendant la gestation provoque des malformations du fœtus et des avortements spontanés ou des naissances de petits morts nés. (7)
De nombreuses bactéries qui sont importantes pour le processus digestif de la vache sont affectées par le glyphosate ce qui diminue leur immunité et augmente donc le besoin de médicaments.(8) Aux États-Unis le Dairy Cattle Reproduction Council (Conseil de reproduction des vaches laitières) s’inquiète des pertes économiques que cela engendre puisque 30% des vaches sont abattues chaque année, principalement en raison de troubles de la reproduction, dont 8,5 à 10% des vaches laitières. (9)
Fusion BAYER - MONSANTO
En mai 2018 , le bureau de la concurrence du Canada analysait les impacts de la fusion de Bayer avec Monsanto sur les agriculteurs dans la culture du canola. Avec cette fusion, c'est 95 % du canola planté au Canada est contrôlé par une seule compagnie. Voici les conclusions du bureau de la concurrence sur l'autonomie des agriculteurs et les coûts associés :
1) la concurrence directe et la concurrence en matière d'innovation entre Bayer et Monsanto dans le secteur de l'approvisionnement en semences de canola seraient pour ainsi dire éliminées. Les effets de cette perte de concurrence se traduiraient probablement par une combinaison de hausse de prix pour les producteurs au niveau des semences de canola et de leurs herbicides compatibles et par une diminution de la portée et de l'ampleur des activités innovantes orientées sur l'élaboration de variétés spécifiques de canola pouvant donner un meilleur rendement et procurer une meilleure résistance à la sécheresse et à la maladie;
2) l'entité fusionnée aurait vraisemblablement de bons motifs d'augmenter sensiblement les taux de redevances aux entreprises concurrentes productrices de semences pour l'utilisation du trait de tolérance Roundup Ready dans le but de faire augmenter les coûts de ses concurrents et de réduire leur vigueur concurrentielle.
(1) James, C. (2017). Global Status of Commercialized Biotech/GM Crops: 2016, ISAAA brief No. 52. International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA): Ithaca, NY. (en ligne)
(2) Rapport des ventes des pesticides Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). (en ligne)
(3) Les limites d’un herbicide. La semaine verte, Saison 2016, Épisode 3. 16 janvier 2016. (en ligne)
(4) National Farmers Union. 2013. The price of patented seed – the value of farm saved seed. Union Farmer Newsletter 61. March.
(5) Données du centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), consulté en février 2018.
(6) Le Roundup face à ses juges, Marie Monique Robin, Ecosociété, 2018, p 161-16.
(7) Propos du vétérinaire Art Dunham, Le Roundup face à ses juges, Marie Monique Robin, Ecosociété, 2018, p 145.
(8) Glyphosate suppresses the antagonistic effect of Enterococcus spp. On Clostridium botulinum, Monika Krüger, Anaerobe, vol 20 , avril 2013, p 74-78. (en ligne)
(9) Elvira B, Dairy Cattle Fertility & Sterility Hoard’s Dairyman, Fort Atkinson, 2011, p 5.
Développement rural
Les cultures GM ont été initialement introduites afin de simplifier le travail aux champs des agricultrices et agriculteurs, grâce notamment à l’épandage d’herbicides dits «totaux». Pendant plusieurs années, cela a permis à nombre d’entre eux d’augmenter leurs surfaces ensemencées et conséquemment leurs revenus. Cependant, cette transformation s’est faite, entre autres, au détriment de la main-d’œuvre agricole, puisque l’argent dépensé pour les salaires des employé.e.s agricoles a été transféré dans les poches des grands consortiums agro-industriels.
Les OGM font partie du modèle agricole industriel et chimique qui favorise :
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la concentration des pouvoirs aux mains de quelques grands consortiums économiques;
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la spécialisation des cultures et l’augmentation des monocultures;
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l’intensification de l’agriculture et l’utilisation croissante de nouvelles technologies et méthodes de production – fertilisants chimiques, pesticides, antibiotiques, hormones de croissance, etc. – (1).
Ce modèle contribue à diminuer l’autonomie sociale et économique des populations locales, notamment en raison du brevetage des semences, et hypothèque le capital naturel laissé aux générations futures.
En effet, en plus de réduire la fertilité des sols et la diversité des productions, ce modèle a des impacts sur le développement rural en raison de la perte d’emploi liée à l’industrialisation. Ainsi, de 1961 à 2001, le nombre de fermes est passé de 95 777 à 30 539 et 70% des recettes agricoles totales ont été générées par 20% d’entre elles – celles dont les revenus bruts sont supérieurs à 250 000$ (Statistiques Canada) (1). Il en résulte notamment un taux d’endettement élevé pour plusieurs agricultrices et agriculteurs ainsi que l’appauvrissement et la marginalisation des agriculteurs artisanaux et biologiques.
(1) Gareau. P. (2007). Impacts environnementaux et sanitaires liés au modèle agricole industriel : pistes de solution. Mémoire présenté à la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Québec, Réseau des groupes écologistes du Québec (RQGE). (en ligne)
Contamination et perte économique
Chaque culture GM pose un risque unique de contamination, car chacune est dotée de mécanismes biologiques différents qui facilitent ou freinent la contamination.
Les gènes de cultures GM peuvent s’échapper et proliférer dans d’autres cultures et d’autres champs. Une fois les OGM disséminés dans l’environnement, il peut être difficile, voire impossible, de les contrôler et de les retirer. Cette contamination par les OGM – que l’industrie appelle la présence adventice – peut entraîner bon nombre de conséquences économiques pour les agriculteurs. En effet, la contamination peut priver les agriculteurs du contrôle sur leurs semences, leurs champs et leurs fermes. Les agriculteurs prennent le risque de perdre leur stock de semences et doivent souvent assumer les frais liés aux tests, à l’enlèvement des contaminants et à la prévention d’une contamination future. Ils risquent aussi de perdre des marchés, y compris d’importants marchés d’exportation, si les cultures GM contaminantes ne sont pas approuvées dans les pays importateurs.
Dans le cas du canola, il est presque impossible de cultiver du Canola non-OGM au Québec sans une multitude de précautions et une distance importante avec ces voisins qui plantent du canola GM. De nombreux agriculteurs sont aussi très inquiets de l’arrivée de la luzerne OGM sur le marché Québécois, compte tenu de son potentiel de contamination élevé.
Cas du lin: effondrement des marchés
Même si du lin GM Triffid a été approuvé par le Canada (et les É.-U.) en 1998, les producteurs de lin canadiens craignaient toutefois que le lin GM contamine les exportations destinées à l’Europe où il n’était pas encore approuvé. Pour éviter que le marché rejette le lin, les agriculteurs ont convaincu l’Université Saskatchewan de déshomologuer la variété GM en 2001, ce qui a entraîné son retrait du marché. À l’époque, la semence de lin GM était uniquement préparée en vue d’une première vente aux agriculteurs – quelque 40 producteurs de semences avaient multiplié environ 200 000 boisseaux de semence de lin GM pour les mettre en vente –, mais la destruction des stocks a été ordonnée. (1)
Malgré ces mesures, presque dix ans plus tard, en septembre 2009, du Triffid a été retrouvé dans du lin canadien destiné à l’exportation. À la fin 2009, le marché européen – qui achète 68 % des exportations de lin canadien – s’est ainsi fermé au lin canadien (3). Les prix offerts pour le lin au Manitoba ont chuté de 9,90 $ à 6,78 $ le boisseau (une réduction de 32 %), et ce, avant même la confirmation officielle de la contamination. (4)
Une menace pour l'agriculture biologique
La contamination par les OGM constitue une menace pour l’alimentation et l’agriculture biologique. Les agricultrices et agriculteurs biologiques, en accord avec les standards de Canada Biologique, n’utilisent pas de semences GM ni de pesticides de synthèse. Cette contamination par les OGM peut se révéler difficile ou impossible à contrôler ou inverser. Dans les 20 dernières années, il y a eu plusieurs cas de contamination qui ont eu des impacts économiques et environnementaux importants pour les agriculteurs biologiques.
Si une culture biologique est contaminée par des cultures voisines OGM, l’agriculteur biologique est condamné à vendre sa récolte au marché conventionnel et la parcelle contaminée ne pourra pas produire de culture biologique durant les trois prochaines années. Cela entraîne des pertes de revenus annuels de 40% à 60% durant les quatres années subséquentes.